Le Sceau des Prophètes

Muhammad, Homme et Prophète (Muhammad : Sceau des prophètes)

Muhammed
Sceau des Prophètes

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La vie de Muhammad

La vie de Muhammed

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Second voyage à la Mecque

 

Les termes de l'accord de paix conclu entre les musulmans et les Quraysh à al-Hudaybiyya prévoyaient que le Prophète puisse se rendre à La Mecque avec ses compagnons un an plus tard pour pratiquer le culte à la Ka'ba. Comme nous l'avons vu précédemment, le Prophète était parti pour La Mecque avec mille quatre cents de ses compagnons dans le seul but d'accomplir une 'umra, ou petit pèlerinage. Les Quraysh ne les avaient pas laissés passer et l'accord de paix avait finalement été négocié parce que le Prophète ne souhaitait pas entreprendre un nouveau conflit avec les Quraysh.

Suite à cet accord, les musulmans de Médine avaient joui de plusieurs mois de calme, perturbés seulement par quelques affrontements restreints avec certaines tribus arabes qui cherchaient à causer des troubles ou à menacer les routes commerciales et les voyageurs. Le Prophète approcha également plusieurs tribus arabes, leur expliquant le message de l'islam et les y invitant. Beaucoup de gens à qui le message de l'islam était ainsi présenté y adhéraient.

Au bout d'une année, quand le mois de dhûl-qi'da fut revenu, le Prophète commença à se préparer pour sa 'umra, connue dans les livres d'Histoire comme « la umra compensatoire » ou « la umra d'après le conflit ». Il demanda à ses compagnons de se préparer et précisa qu'aucun de ceux qui l'avaient accompagné à al-Hudaybiyya ne devait rester en arrière. Les mêmes compagnons qui avaient participé au premier voyage partirent donc à nouveau avec le Prophète, à l'exception de ceux qui étaient morts ou avaient été tués au combat.

En tout, deux mille hommes environ et un nombre important de femmes et d'enfants partirent avec le Prophète pour cette umra. Le Prophète demanda à son compagnon Abu Dharr al-Ghifârî de le remplacer à Médine et emmena soixante chameaux à sacrifier après la 'umra. Il entra dans l'état de sacralisation, ou ihrâm, obligatoire pour tous les pèlerins, sur le seuil de sa mosquée de Médine. Tout en avançant, ses compagnons et lui répétaient des formules exprimant la soumission à Dieu et le fait qu'ils entreprenaient ce voyage en réponse à Son appel.

Les termes de l'accord de paix stipulaient que les musulmans ne pourraient porter que leurs sabres dans leurs fourreaux, mais le Prophète craignait que les Quraysh ne violent leurs engagements. Il emporta donc avec lui d'autres armes, dont des boucliers, des lances et des casques de protection. Il emmena aussi cent chevaux et chargea Bashîr ibn Sa'd de s'occuper des armes et Muljammad ibn Maslama de s'occuper des chevaux.

Lorsqu'il eut parcouru à peine onze kilomètres, il ordonna que les chevaux et les armes soient placés à la tête du cortège. Muhammad ibn Maslama partit devant avec ses chevaux jusqu'à un endroit appelé Marr az-Zahrân, à seulement une journée de voyage à dos de chameau de La Mecque. Il y trouva quelques hommes de Quraysh qui lui demandèrent quelle était sa mission et pourquoi il avait autant de chevaux avec lui. Sa réponse fut :

« Le Messager de Dieu campera ici demain, si Dieu le veut. » Ils remarquèrent aussi que Bashîr ibn Sa'd avait avec lui une grande quantité d'armes. Ils se hâtèrent de rejoindre La Mecque pour informer les Quraysh de ce qu'ils avaient vu. Les Quraysh furent envahis par l'inquiétude, voire la panique. Ils commencèrent à se demander : « Nous avons assurément honoré nos promesses. Pourquoi Muhammad et ses compagnons viendraient-ils nous envahir ? »

Les Quraysh envoyèrent alors Mikraz ibn Hafs au Prophète à la tête d'une délégation. Ils lui dirent : « Muhammad, nous ne t'avons jamais vu faillir à une promesse depuis que tu étais enfant. As-tu l'intention d'entrer dans ta ville natale en armes alors que tu as promis que tu ne viendrais qu'avec l'armement d'un voyageur pacifique : des sabres dans leurs fourreaux ? » Le Prophète répondit : « Je n'entrerai pas dans la ville avec les armes. » Mikrâz ibn Hafs dit alors : « Voilà qui ressemble davantage à la sincérité que nous te connaissons. » Il repartit rapidement à La Mecque pour dire à ses concitoyens que Muhammad respectait ses engagements. Les Quraysh, rassurés, laissèrent donc passer les musulmans.

L'arrivée du Prophète à la Mecque

Nous possédons différents récits concernant l'attitude des habitants de La Mecque lorsque le Prophète et ses compagnons y entrèrent pour effectuer leur umra. Certains récits suggèrent que les Quraysh quittèrent La Mecque pour les montagnes des environs parce qu'ils ne voulaient pas assister à l'arrivée des musulmans venus accomplir leur rite. D'autres avancent que les Quraysh prirent position dans les montagnes de manière à pouvoir bien observer les musulmans.

Selon d'autres récits encore, les Quraysh ou un grand nombre d'entre eux se rassemblèrent à un endroit appelé Dâr an-Nadwa qui leur servait de parlement, pour assister à l'arrivée des musulmans dans la ville. Selon certains autres récits, ils se seraient tenus encore plus près, dans l'enceinte même de la Mosquée Sacrée. Certains récits suggèrent que seuls quelques notables de La Mecque ne voulaient pas assister à l'arrivée des musulmans parce que leur vue les rendait furieux : ils se rendaient compte en effet que le simple fait que les musulmans aient pu venir à La Mecque renforçait leur position en Arabie.

Peut-être tous ces récits décrivent-ils chacun une partie de la vérité, ces différentes actions ayant été accomplies par différents groupes de Mecquois. Il demeure que la plupart des Quraysh voulaient voir arriver le Prophète et ses compagnons, d'autant plus qu'une rumeur s'était répandue dans la ville, suggérant que Muhammad et ses compagnons étaient extrêmement affaiblis physiquement par une épidémie qui avait eu lieu à Médine.

Certains avaient entendu dire que les musulmans pouvaient à peine marcher tant ils étaient malades. C'était là un spectacle que les habitants de La Mecque n'auraient pas manqué d'apprécier. Quels qu'aient été leurs motifs, l'arrivée du Prophète à La Mecque, sept ans seulement après qu'il avait été contraint de quitter la ville à la faveur de l'obscurité, était un grand événement que la plupart des gens n'auraient pas voulu manquer. De fait, le spectacle les laissa songeurs.

La scène était impressionnante. Le Prophète montait sa chamelle al-Qaswa et était entouré d'un certain nombre de ses compagnons qui observaient toutes les directions de crainte que des ennemis ne tentent d'attaquer le Prophète ou de lui faire du mal. Tout le cortège clamait sa soumission à Dieu. 'Abdullâh Ibn Rawâha, un compagnon du Prophète des ansâr, tenait la bride de la chamelle du Prophète et récitait des vers de sa composition. Quand le Prophète fut arrivé à proximité de l'enceinte de la Mosquée Sacrée, au centre de laquelle se trouve la Ka'ba, il dit à 'Abdullâh ibn Rawâha de répéter ces phrases :

Lâ ilâha illâ Allah wahdah, sadaqa wa'dah, wa-nasara 'abdah, wa-a'azza jundah, wa-hazama al-ahzâba wahdah ; ce qui signifie : « Il n'y a pas d'autre divinité que Dieu, qui a accompli Sa promesse, accordé la victoire à Son serviteur et la dignité à Ses soldats, et qui Lui Seul a vaincu les coalisés. » C'était une allusion à la défaite subie par les Quraysh et d'autres tribus lorsqu'ils avaient tenté d'envahir Médine afin d'anéantir les musulmans. 'Abdullâh ibn Rawâha répéta ces phrases et tous les musulmans répétèrent après lui, créant ainsi une atmosphère de puissance et d'enthousiasme.

Le Prophète était conscient des rumeurs diffusées par les Quraysh au sujet de la faiblesse physique de ses compagnons. C'est pourquoi il leur recommanda de ne montrer aucun signe de faiblesse. Comme ils portaient tous leur tenue d'ihrâm, composée de deux grands morceaux d'étoffe, l'un ceignant la taille et couvrant le bas du corps, l'autre jeté sur les épaules, il leur ordonna de se découvrir l'épaule droite et d'accomplir une partie du tawâf au pas de course. Il entra dans la Mosquée et toucha la pierre noire du bout du bâton qu'il portait. Il dit à ses compagnons : « Que Dieu fasse miséricorde à tous ceux qui leur montreront leur force. »

Il commença par courir autour de la Ka'ba, imité par ses compagnons, pendant les trois premiers tours. Puis ils accomplirent le reste des sept tours en marchant. Les Quraysh furent surpris de constater que l'épidémie n'avait pas affecté les capacités physiques des musulmans. Certains se dirent mutuellement : « Etes-vous sûrs que ces gens ont été affaiblis par la fièvre ? Ils sautent et courent comme des gazelles. » Quand le Prophète eut achevé son tawâf, il alla accomplir le sa'y qui est un parcours entre les deux monts d'as-Safâ et al-Marwâ. Il accomplit le sa'y monté sur sa chamelle.

Lorsqu'il eut terminé ses sept parcours, il s'arrêta et dit : « C'est ici qu'il faut égorger les bêtes destinées au sacrifice, et toute La Mecque est un endroit approprié. » Il commença à sacrifier ses bêtes, soixante chameaux en tout, et tous ceux qui l'avaient accompagné lors du premier voyage et avaient été présents à al-
Hudaybiyya sacrifièrent aussi un chameau. Les chameaux n'étaient pas nombreux et le Prophète permit à ceux qui ne pouvaient pas s'en procurer de sacrifier une vache. Ensuite, le Prophète et ses compagnons se rasèrent la tête et quittèrent l'état de sacralisation.

Démonstration de piété, de force et d'egalité

Le Prophète avait laissé les chevaux et les armes à un endroit appelé Ya'jaj, à proximité de La Mecque. Il y avait laissé deux cents de ses compagnons pour monter la garde. Il s'agissait d'une précaution contre une éventuelle attaque déloyale des Quraysh. Quand lui-même et ceux de ses compagnons qui avaient accompli la 'umra avec lui eurent terminé leurs rites, il envoya deux cents hommes à Ya'jaj remplacer ceux qui y étaient restés. Ces gardes, une fois relevés, se rendirent directement à La Mecque pour accomplir à leur tour les rites de la 'umra.

Le Prophète resta à la Ka'ba jusqu'à l'heure de la prière de midi {duhr). Il ordonna alors à son compagnon Bilâl de monter sur le toit de la Ka'ba pour appeler à la prière. Debout sur le toit de la Ka'ba, Bilâl appela de sa belle voix mélodieuse : « Dieu est Grand. Je témoigne qu'il n'y a pas d'autre divinité que Dieu. Je témoigne que Muhammad est le Messager de Dieu. Venez à la prière. Venez au succès. Dieu est Grand. » Ce sont là les mots que les musulmans emploient depuis toujours pour appeler à la prière, mais ils contrarièrent considérablement les chefs de Quraysh.

Plusieurs d'entre eux exprimèrent un profond désarroi. Suhayl ibn 'Amr et certains de ses amis se couvrirent le visage quand ils entendirent Bilâl appeler à la prière, un geste exprimant leur colère. L'action de Bilâl heurtait d'autant plus les Quraysh que celui-ci avait été l'esclave d'Umayya ibn Khalaf, qui avait par la suite été tué à la bataille de Badr. Dans la société idolâtre de La Mecque, où les rapports de classe étaient très marqués, il était totalement inacceptable qu'un ancien esclave puisse monter sur le toit de la Ka'ba, où les Quraysh gardaient leurs idoles.

'Ikrima ibn Abî Jahl dit : « Dieu a certes été bon envers mon père en lui permettant de mourir avant d'entendre cet esclave prononcer ces mots. » Safwân ibn Umayya ibn Khalaf dit quant à lui : « Dieu soit loué pour avoir pris mon père avant qu'il ne voie cela. » Khâlid ibn Usayd dit, faisant écho à ses paroles : « Je remercie Dieu d'avoir fait mourir mon père avant qu'il ne voie ce jour, où le fils de la mère de Bilâl aboie sur le toit de la Ka'ba. »

Ces hommes représentaient la jeune génération des chefs de Quraysh, dont les pères avaient pour la plupart été tués durant les batailles contre les musulmans. L'action de Bilâl manifestait cependant la force de l'islam, qui souligne l'égalité entre tous les êtres humains. Le Prophète et ses compagnons passèrent trois jours à La Mecque, uniformément à l'accord de paix. Ils circulaient sans crainte dans la ville. C'était en soi un acte de relations publiques important de la part des musulmans. Les gens de La Mecque pouvaient constater la solidarité régnant au sein de la communauté musulmane.

Ils se rendaient compte que les musulmans éprouvaient les uns pour les autres la plus grande fraternité. Chacun d'eux aimait tous les autres musulmans. Leur dévouement à la cause de l'islam était manifeste dans la manière dont ils se parlaient, dans le grand respect qu'ils montraient au Prophète et dans l'absence totale de division entre eux. Les gens de La Mecque ne pouvaient s'empêcher d'admirer et d'envier la manière dont le Prophète avait réussi à obtenir une telle unité dans la communauté musulmane, alors même que ses adeptes appartenaient à des tribus qui s'étaient jusqu'à encore récemment fait la guerre.

Ils étaient conscients également que les sentiments dominants au sein de la communauté musulmane étaient l'affection mutuelle et la solidarité. Ses objectifs étaient nobles et son dévouement, total. Sa soumission à Dieu ne faisait aucun doute. Les chefs de La Mecque craignaient que leurs propres concitoyens ne reconsidèrent leur position vis-à-vis de l'islam en se rendant compte de l'effet si profond qu'il produisait sur les gens de Médine et les musulmans en général.

C'est pourquoi, les trois jours écoulés, ils envoyèrent Suhayl ibn 'Amr et Huwaytib ibn 'Abd al-'Uzzâ dire au Prophète : « Ton temps est écoulé et tu dois partir. » Le Prophète conscient que son séjour à La Mecque était d'une grande efficacité pour modifier l'attitude des habitants et adoucir leur position vis-à-vis de l'islam, essaya d'aller plus loin vers la réconciliation. Il dit aux deux émissaires mecquois : « Quel mal cela vous ferait-il de me laisser me marier dans votre ville ? Nous organiserons un banquet pour vous. »

Maymuna, Epouse du Prophète

Le Prophète était en effet sur le point d'épouser une femme de La Mecque, Maymûna bint al-Hârith. Elle était de famille noble et sa soeur était mariée à l'oncle du Prophète, al-Abbâs ibn Abd al-Muttalib. Les émissaires mecquois comprirent vite le danger que cette proposition du Prophète impliquait pour leur religion. Il était clair pour eux que si Muhammad pouvait organiser son mariage sur place et parler aux gens dans l'ambiance conviviale d'un repas de noces, l'hostilité à l'islam ne manquerait pas de céder du terrain dans le coeur des Mecquois.

Leur religion ne pourrait résister à la logique de l'islam. Les gens ne manqueraient pas d'être influencés favorablement par la forte personnalité du Prophète et par ses arguments. Les barrières qu'ils avaient dressées pour empêcher les gens de le rejoindre commenceraient à s'écrouler. Ils comprenaient que la visite de Muhammad à La Mecque était en train de modifier le climat des relations entre les deux camps, mais ils ne se rendaient pas compte qu'une grande partie des habitants de La Mecque étaient déjà beaucoup moins hostiles à la cause de l'islam.

Malgré cela, ils refusèrent catégoriquement sa proposition. Ils lui dirent : « Nous n'avons pas besoin de ton repas. Tu dois partir. Nous te demandons, au nom de Dieu et du pacte que nous avons conclu ensemble, de quitter notre territoire sur-le-champ. Tes trois jours sont passés. »

Leur brusquerie suscita la colère de Sa'd ibn 'Ubâda, le chef des ansâr. Furieux, il s'approcha de Suhayl ibn 'Amr et lui dit : « Menteur ! Ce n'est pas ton territoire, ni celui de ton père. Il ne partira d'ici que s'il le décide de son plein gré. » Le Prophète sourit et dit à son compagnon : « Sa'd, ne sois pas si sévère envers ces gens qui sont venus nous rendre visite dans notre camp. » Ainsi une situation qui aurait pu être explosive fut-elle désamorcée. Le Prophète ordonna à ses compagnons de se préparer au départ. Ils déplacèrent leur camp à Sarif, à quatorze kilomètres de La Mecque, et ce fut là que se déroula le mariage du Prophète avec Maymûna.

Cette 'umra du Prophète marqua un tournant dans les relations entre les habitants de La Mecque et l'islam. Cela devait bientôt se refléter dans l'attitude des Quraysh vis-à-vis du Prophète et de l'islam en général. L'hostilité ouverte qui avait dicté l'attitude des Quraysh ne devait jamais revenir. De plus, de nombreux individus appartenant à toutes les classes de la société mecquoise commencèrent à envisager d'embrasser l'islam.

Tandis que les musulmans s'apprêtaient à partir, une fille de Hamza ibn Abd al-Muttalib, oncle du Prophète et valeureux soldat qui avait été tué à la bataille d'Uhud, suivit le Prophète et l'appela : « Mon oncle, mon oncle. » Ali, le cousin et gendre du Prophète, la prit par la main et dit à son épouse Fâtima, la fille du Prophète : « Emmène ta cousine avec toi. » Trois des compagnons du Prophète voulaient eux aussi prendre en charge la jeune fille. Ali, son frère Ja'far et Zayd ibn Hâritha débattirent pour déterminer à qui il revenait de la garder. Ali dit : « Je l'ai prise le premier, et elle est ma cousine. » Ja'far dit : « Elle est aussi ma cousine et je suis marié à la soeur de sa mère. » Zayd dit quant à lui : « Son père est mon frère. » C'était une allusion au fait que le Prophète avait établi un lien de fraternité entre Hamza et Zayd quand il avait uni les musulmans deux par deux par des liens de fraternité.

Le Prophète arbitra le différend et dit aux trois hommes : « Toi, Zayd, tu es le serviteur de Dieu et de Son messager. [Nous avons vu que Zayd avait été offert comme esclave au Prophète avant l'islam, mais que le Prophète lui avait donné la liberté et qu'il était demeuré avec lui depuis.] Toi, Ja'far, tu me ressembles et tes manières sont semblables aux miennes. Toi, Ali , tu m'appartiens et je t'appartiens. Cependant, c'est à Ja'far qu'il revient le plus de la garder car il est marié à sa tante. Je vous rappelle qu'aucune femme ne peut se marier à l'époux de sa tante paternelle ou maternelle. »

Ja'far fut tellement heureux de cette décision qu'il se leva et se mit à sauter autour du Prophète sur un pied. Comme le Prophète lui demandait pourquoi il faisait cela, il répondit que c'était une pratique qu'il avait apprise en Abyssinie, où il avait vécu plus de quatorze ans après y avoir émigré conformément aux ordres du Prophète. Lorsque le Négus, le souverain d'Abyssinie, prononçait un jugement en faveur de quelqu'un, celui-ci se mettait debout et sautait sur un pied autour de l'endroit où le souverain était assis. Le Prophète maria par la suite la fille de Hamza à Salama, le fils d'une de ses épouses.

Le temps de la réflexion

Plus de deux ans s'étaient maintenant écoulés depuis l'expédition du Fossé, et les musulmans et les Quraysh ne s'étaient quasiment pas affrontés militairement. Une paix officielle existait désormais entre les deux camps. Les musulmans profitèrent de ce nouveau climat pour concentrer leurs efforts sur la diffusion du message de l'islam le plus loin possible. L'islam gagna beaucoup de terrain en Arabie, avec de nombreux nouveaux adeptes dans toutes les tribus.

Cependant, les Quraysh demeuraient hostiles. Leur hostilité à l'islam, qui remontait à une vingtaine d'années, n'allait pas céder facilement à la pression exercée par les musulmans. Les gens de La Mecque se considéraient comme le noyau dur de la résistance à la nouvelle prédication de l'islam. Même les plus intelligents de ses chefs étaient déterminés à ne se réconcilier en aucun cas avec l'islam. Toutefois, ce n'était pas chose facile. Les gens intelligents ne peuvent pas fermer indéfiniment les yeux à la réalité. Ils peuvent essayer pendant un certain temps, mais ils finissent par céder.

L'histoire de deux personnages de la noblesse de Quraysh permettra d'apprécier la nouvelle ampleur du mouvement d'adhésion à l'islam. Elle montre comment la structure de l'idolâtrie arabe s'effondrait de l'intérieur.

Amr ibn al-As était un homme très habile. Il avait été l'émissaire des Quraysh auprès du Négus, le souverain d'Abyssinie, pour demander l'extradition des musulmans de Quraysh qui s'étaient réfugiés dans ce pays. Cela s'était passé cinq ans après le début de la Révélation, une quinzaine d'années avant les événements que nous allons relater.

Voici le récit de ces événements donné par 'Amr lui-même :

J'étais très hostile à l'islam. J'avais pris part aux côtés des idolâtres aux batailles de Badr, d'Uhud et du Fossé et j'avais survécu. Maintenant, je commençais à penser que Muhammad finirait par triompher des Quraysh. Je partis donc chez moi à ar-Ruhr. où je me retirai pratiquement. Après al-Hudaybiyya, quand le Prophète repartit chez lui après avoir signé l'accord de paix avec les Quraysh, les Quraysh rentrèrent à La Mecque. Je commençai à me dire : « Muhammad entrera à La Mecque avec ses compagnons l'année prochaine. La Mecque ne sera certainement pas le bon endroit pour moi, Tâ'if non plus. La meilleure chose à faire est de partir. »

J'étais encore très hostile à l'islam et j'étais déterminé à ne jamais y adhérer, même si tous les hommes de Quraysh le faisaient. J'allai à La Mecque où je parlai à un groupe de mes concitoyens qui appréciaient mon opinion et me consultaient sur les affaires importantes. Quand je leur demandai ce qu'ils pensaient de moi, ils répondirent : « Tu es notre sage et notre porte-parole. Tu as un noble coeur et un but béni. » Je leur dis que je pensais que Muhammad était au sommet d'une vague : il ne manquerait pas d'avoir le dessus sur tout ce qui lui résisterait. J'expliquai ensuite que je pensais qu'il serait plus sage de chercher refuge en Abyssinie où nous pourrions rejoindre le Négus.

Si Muhammad l'emportait sur ses ennemis, nous serions en sécurité auprès du Négus, chez qui notre situation serait meilleure que si nous étions vaincus par Muhammad. Si les Quraysh avaient le dessus, ils sauraient que nous étions de leur côté. Tous furent d'accord avec moi et nous commençâmes à nous préparer au départ. Je suggérai de préparer un présent de valeur que le Négus apprécierait. Les peaux étaient les présents de notre partie du monde qu'il appréciait le plus. Nous emportâmes donc une grande quantité de peaux et partîmes pour l'Abyssinie.

Comme nous étions à la cour du Négus, Amr ibn Umayya ad-Damrî, l'émissaire de Muhammad , arriva avec un message. [Il s'agissait peut-être du message où le Prophète invitait le Négus à embrasser l'islam, dont nous avons parlé précédemment.] Quand je vis Amr ibn Umayya entrer pour son audience auprès du Négus et repartir peu après, je dis à mes concitoyens : « C'est Amr ibn Umayya. Si j'arrive à persuader le Négus de me le livrer, je le tuerai, ce qui sera extrêmement agréable aux Quraysh. »

Quand je fus admis auprès du Négus, je me prosternai devant lui comme j'avais coutume de le faire. Il me dit : « Sois le bienvenu, mon ami. M'as-tu apporté des présents de ton pays ? » Je répondis : « Oui, je vous ai apporté des peaux comme présent. » Je lui offris mon présent et il en fut très heureux. Il en donna une partie à ses évêques et à ses patriarches et ordonna que le reste soit conservé et inscrit. Voyant qu'il appréciait mon cadeau, je lui dis : « Votre Majesté, j'ai vu un homme sortir de votre cour. Il est l'émissaire de notre ennemi, qui a tué un grand nombre de nos chefs et de nos nobles. Puis-je vous demander de me le livrer afin que je le tue ? »

Mes propos le mirent très en colère. Il me frappa au nez avec sa main et j'eus l'impression que mon nez était cassé. Je saignais abondamment du nez et je tentai d'essuyer le sang avec mes vêtements. J'étais si humilié que j'aurais voulu que la terre s'ouvre et m'engloutisse, car j'avais très peur de lui. Je lui dis alors : « Votre Majesté, si j'avais su que mes propos vous déplairaient je n'aurais pas émis cette requête. » Il eut un peu honte et dit : « Amr, me demandes de te livrer pour le tuer l'émissaire d'un homme qui reçoit l'archange qui apparaissait à Moïse et à Jésus ? »

À ces mots, je sentis un grand changement se produire en moi. Je me dis que le Négus lui-même et les Arabes comme les non-Arabes reconnaissaient la vérité tandis que moi, je lui tournais délibérément le dos. Je lui demandai : « Attestez-vous cela, votre Majesté ? » Il répondit : « Oui, j'en témoigne devant Dieu. 'Amr, fais ce que je te dis et suis-le, car sa cause est celle de la Vérité et il l'emportera sur tous ceux qui s'opposent à lui tout comme Moïse l'a emporté sur Pharaon et son armée. »

Je dis au Négus : « Veux-tu accepter pour lui mon engagement à suivre l'islam ? » Il répondit que oui et tendit les mains : je prononçai devant lui mon engagement à être musulman. Il demanda ensuite qu'on apporte un vase d'eau pour que je me lave. Il me donna aussi de nouveaux vêtements car les miens étaient tachés de sang. Quand je sortis, mes amis se réjouirent de me voir porter des habits neufs offerts par le Négus.

Ils me demandèrent s'il avait accédé à ma requête et je répondis que je n'avais pas trouvé l'occasion favorable pour une telle requête, lui parlant pour la première fois. Ils acquiescèrent et, prétextant un besoin privé, je m'éloignai d'eux. J'allai directement au port où je trouvai un navire prêt à lever l'ancre. Je montai à bord de ce navire et me rendis ainsi à un endroit appelé ash-Shu'ba où je débarquai. J'achetai un chameau et je poursuivis ma route vers Médine. Je traversai Marr az-Zahrân et je continuai jusqu'à al-Hadda.

J'y trouvai deux hommes qui étaient arrivés depuis peu et cherchaient un endroit pour camper. L'un d'eux était dans la tente tandis que l'autre tenait la bride de leurs deux chameaux. Je reconnus bientôt Khâlid ibn al-Walîd. Quand je lui demandai où il allait, il répondit : « Rejoindre Muhammad . Tous les hommes de quelque importance sont devenus musulmans. Si nous restions non musulmans, il nous prendrait par le cou comme la hyène est prise au piège dans sa grotte. » Je lui dis alors que j'allais moi aussi rejoindre Muhammad et que je voulais être musulman. 'Uthmân ibn Talha sortit de la tente et me souhaita la bienvenue.

Nous restâmes ensemble cette nuit-là. Nous poursuivîmes notre voyage ensemble jusqu'à Médine. Je n'oublierai jamais un homme qui dit en nous voyant approcher : « Yâ rabâh ! » ou : « Quelle matinée profitable ! » Il le répéta trois fois. Nous fûmes très heureux de l'entendre dire cela. En nous regardant, il dit encore : « La Mecque a renoncé à son règne une fois que ces deux-là sont venus nous rejoindre. » Je pensai qu'il faisait allusion à Khâlid ibn al-Walîd et moi. Il partit rapidement vers la mosquée. Je pensai qu'il allait apporter au Prophète la nouvelle de notre arrivée : j'avais raison.

Nous nous arrêtâmes un moment à l'ancienne plaine volcanique aux abords de Médine pour mettre nos plus beaux vêtements. Quand on appela à la prière de l'après-midi, celle de 'asr, nous poursuivîmes notre chemin jusqu'à la mosquée pour rejoindre le Prophète. Son visage rayonnait de plaisir et tous les musulmans furent heureux d'apprendre que nous avions embrassé l'islam. Khâlid ibn al-Walîd fut le premier à aller prêter serment d'allégeance au Prophète. Il fut suivi par 'Uthmân ibn Talha, puis par moi. Quand je m'assis en face de lui, je ne pouvais pas lever les yeux sur lui tellement j'étais intimidé.

Je lui prêtai serment d'allégeance à condition que Dieu me pardonne tous les péchés que j'avais commis par le passé. Je ne pensai pas à inclure ce que je pourrais faire à l'avenir. Le Prophète me dit : « Quand tu adhères à l'islam, tous tes péchés passés sont pardonnés. Quand tu émigres pour la cause de Dieu, ton émigration t'assure aussi le pardon de tes péchés passés. »

Après notre conversion à l'islam, le Prophète fit de Khâlid ibn al-Walîd et moi deux de ses principaux conseillers dans toutes les affaires graves qu'il rencontrait. Nous jouîmes de la même position avec Abu Bakr. Je continuai à jouir de la même position avec 'Umar, mais celui-ci avait peut-être quelques réserves vis-à-vis de Khâlid.

Tel est le récit d'un des grands serviteurs de l'islam qui devait par la suite commander les armées musulmanes. Il gouverna aussi l'Egypte pendant de longues années. L'autre cas est celui de Khâlid ibn al-Walîd, qui commandait une division de l'armée de Quraysh à la bataille d'Uhud. C'était lui qui avait réussi à attaquer les musulmans par-derrière et à transformer leur victoire initiale en défaite. C'était un jeune homme très prometteur.

De fait, il allait devenir l'un des plus illustres chefs militaires que le monde ait connus. Khâlid a relaté en détail comment il commença à songer à l'islam et comment il y adhéra. Il commença, nous dit-il, par réfléchir à son attitude passée envers l'islam :

J'avais mené toutes ces batailles contre Muhammad . A chaque fois, j'avais l'impression que tous mes efforts étaient vains. J'étais certain que Muhammad finirait par l'emporter. Quand le Prophète vint établir son camp à al-Hudaybiyya, je pris la tête d'un détachement de cavaliers des idolâtres et nous rencontrâmes le Prophète et ses compagnons à 'Asafân.

Je m'approchai pour le provoquer. Ses compagnons et lui accomplirent la prière de duhr devant nous. Nous envisageâmes de les attaquer alors, mais nous ne le fîmes pas. Il avait dû se rendre compte de ce à quoi nous pensions : quand arriva l'heure de la prochaine prière, celle de 'asr, il dirigea pour ses compagnons ce qu'on appelle « la prière de la peur ». Cela nous affecta profondément car nous comprîmes qu'il était protégé contre une attaque de notre part. Nous nous retirâmes donc.

Lorsque les termes de l'accord de paix d'al-Hudaybiyya eurent enfin été négociés et que le Prophète et ses compagnons repartirent chez eux, je commençai à me demander ce qui arriverait ensuite et quel serait notre sort. Je réfléchis : que devais-je faire ? Devais-je rejoindre le Négus ? Mais je me souvins alors qu'il était déjà devenu un adepte de Muframmad et que les compagnons de Muhammad étaient en sécurité sous sa protection.

Devais-je alors rejoindre Héraclius ? Il m'aurait fallu me convertir au christianisme ou au judaïsme. Cette perspective ne me plaisait pas. Devais-je émigrer ou bien rester où j'étais en attendant que quelque chose se passe ?

Cette confusion n'était pas facile à résoudre pour Khâlid. Il ne souhaitait pas émigrer à un endroit où il lui faudrait prouver sa valeur. Par contre, s'il restait à La Mecque, il était certain que l'islam finirait tôt ou tard par triompher. Cependant, cette confusion lui obscurcissait l'esprit et il ne voyait pas que la voie juste consistait à considérer objectivement l'islam. Les semaines et les mois passaient et il n'arrivait pas à prendre sa décision. Quand, au bout d'une année, Muhammad et ses compagnons vinrent à La Mecque accomplir leur umra compensatoire, Khâlid ne voulut pas assister à l'arrivée des musulmans à La Mecque.

Il partit dans les montagnes et y resta jusqu'à ce que Muhammad et ses compagnons soient partis. Quand il rentra chez lui, il y trouva une lettre laissée par son frère, al-Walîd Ihn al-Walîd, qui était musulman depuis un certain temps. Al-Walîd était venu accomplir la umra compensatoire en compagnie du Prophète . Après avoir accompli les rites, al-Walîd avait cherché son frère Khâlid. Ne le trouvant pas, il avait compris que Khâlid essayait de fuir l'islam.

Al-Walîd savait cependant que son frère était un homme très intelligent. Il pensa qu'une parole fraternelle pourrait porter ses fruits. Il lui écrivit donc la lettre suivante :

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Je suis extrêmement étonné que tu continues à tourner le dos à l'islam malgré l'intelligence que je te connais. Personne ne peut être aussi aveugle à la vérité de l'islam. Le Messager de Dieu s'est enquis de toi, demandant : « Où est Khâlid ? » Je lui ai dit : « Dieu nous l'amènera. » Il a dit : « Un homme de sa trempe ne peut pas rester ignorant de l'islam. S'il voulait employer son intelligence et son expérience pour les musulmans et contre les idolâtres, il en tirerait le plus grand profit. Nous lui accorderions certainement la précédence sur d'autres. » Il est grand temps, mon frère, que tu compenses les grands bienfaits que tu as manqués.

Quand Khâlid lut la lettre de son frère, ce fut comme si un voile qui obscurcissait sa vision depuis longtemps avait été levé. Le fait que le Prophète lui-même avait demandé de ses nouvelles lui fit plaisir. Il ressentit un ardent désir de devenir musulman. Cette nuit-là, il rêva qu'il se trouvait sur une mince bande de terre au coeur d'un désert aride et qu'il marchait jusqu'à une prairie verte sans limite. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que le bon choix pour lui était de devenir musulman.

Il décida alors de rejoindre le Prophète à Médine. Il éprouva cependant le besoin d'avoir un compagnon dans ce voyage. Il chercha un jeune homme de la noblesse mecquoise et approcha tout d'abord Safwân ibn Umayya. Le père et le frère de Safwân avaient été tués à la bataille de Badr. Son oncle avait été tué à Uhud. Safwân appartenait à cette génération de notables de Quraysh qui avaient une vision très tranchée du conflit avec l'islam. Il était déterminé à ne faire aucun compromis avec Muhammad et n'était pas d'humeur à le faire quand Khâlid l'aborda.

Khâlid lui dit néanmoins : « Ne vois-tu pas que Muhammad est en train de prendre le dessus aussi bien sur les Arabes que sur les non-Arabes ? Il nous sera certainement utile de nous joindre à lui et d'avoir notre part des succès qu'il obtiendra. » Safwân adopta une attitude extrême et dit à Khâlid : « Même si tous les Arabes
suivaient Muhammad et que j'étais le dernier, jamais je ne le rejoindrais. »

Lorsque Khâlid entendit cette réponse, il pensa que Safwân était dominé par la rancune et se rappela que son père et son frère avaient été tués à Badr. Il chercha donc quelqu'un d'autre. Il rencontra par hasard 'Ikrima ibn Abî Jahl, dont le père avait toujours été l'ennemi le plus déterminé de l'islam, jusqu'à sa mort à Badr. 'Ikrima répondit à la proposition de Khâlid dans des termes semblables à ceux employés par Safwân. Khâlid lui demanda néanmoins de ne parler de leur conversation à personne et 'Ikrima le lui promit.

Khâlid rencontra ensuite 'Uthmân ibn Talha, l'un de ses proches amis. Il envisagea d'aborder la question avec lui puis se rappela que le père, l'oncle et les quatre frères de 'Uthmân avaient tous été tués à Uhud. Khâlid hésita, s'attendant à une réponse semblable à celles de Safwân et 'Ikrima. Il finit quand même par engager la conversation avec 'Uthmân sur le fait que les musulmans étaient de plus en plus forts. Il dit ensuite : « Je compare notre position à celle d'un renard dans un trou. Si l'on verse un seau d'eau dans le trou, tu peux être sûr que le renard sortira. »

Ce fut alors que Khâlid proposa à 'Uthmân de partir avec lui rejoindre le Prophète à Médine. 'Uthmân répondit favorablement. Ils décidèrent de partir après minuit, chacun séparément, et de se rejoindre au point du jour à Ya'jaj. Ils poursuivirent ensuite la route ensemble jusqu'à al-Hadda, où ils rencontrèrent Amr ibn al-Âs. Ils lui dirent : « Sois le bienvenu. Où vas-tu ? » Comprenant qu'ils avaient tous trois le même but, ils voyagèrent ensuite ensemble jusqu'aux abords de Médine, où ils s'arrêtèrent pour se changer. Voici comment Khâlid a relaté leur arrivée :

Le Messager de Dieu fut informé de notre arrivée et en fut heureux. Je mis l'un de mes meilleurs habits et je partis devant le rencontrer. Sur le chemin, je rencontrai mon frère qui me dit : « Dépêche-toi. Le Messager de Dieu a été informé de ton arrivée et en est heureux. Il t'attend. » Nous pressâmes alors l'allure et nous le vîmes de loin, souriant. Il continua à sourire jusqu'à ce que j'arrive près de lui et que je le salue comme le Prophète et Messager de Dieu. Il répondit à mes salutations avec un visage rayonnant de joie.

Je dis : « J'atteste qu'il n'y a pas d'autre divinité que Dieu et que tu es le Messager de Dieu. » Il dit : « Avance. » Quand je me fus approché, il me dit : « Je remercie Dieu de t'avoir guidé vers l'islam. J'ai toujours su que tu possédais une grande intelligence et j'ai toujours espéré que ton intelligence te conduirait à ce qui est juste et bénéfique. » Je répondis : « Messager de Dieu, je pense à ces batailles où j'ai combattu contre le camp de la vérité. Je te prie d'implorer Dieu de me pardonner. »

Il dit : « Quand tu embrasses l'islam, tous tes péchés passés sont pardonnes. » Je dis : « Messager de Dieu, est-ce une condition ? » Il ajouta : « Seigneur, pardonne à Khâlid ibn al-Walîd tous les efforts qu'il a déployés pour détourner les gens de Ton chemin. » 'Uthmân et Amr prêtèrent ensuite serment d'allégeance au Prophète. Par Dieu, depuis notre arrivée durant la huitième année après l'émigration du Prophète, le Prophète m'a toujours consulté sur toutes les affaires importantes qui se présentaient, avant tous ses autres compagnons.

Khâlid mentionna son rêve à Abu Bakr, le premier compagnon du Pophète . Abu Bakr lui dit que la terre étroite et aride où il s'était vu en rêve représentait les fausses croyances qu'il partageait avec ses concitoyens idolâtres. Son arrivée à une prairie fertile représentait le fait que Dieu l'avait guidé vers l'Islam.

Khâlid ibn al-Walîd et Amr ibn al-'Âs allaient jouer un grand rôle dans l'Histoire de l'islam. Le Prophète nomma Khâlid à la tête d'une armée après l'autre et lui donna le titre de « Sabre de l'islam ». Il devait mener de multiples batailles pour la cause de l'islam et obtenir des victoires éclatantes dans presque toutes ses batailles.