Les Thamouds, comblés par leur Seigneur
Après qu'Allah, louange à Lui, eut anéanti le peuple A'ad par un vent glacial qui souffla durant huit jours consécutifs, les rares survivants, Houd et ses fidèles compagnons quittèrent le Yémen et se dirigèrent vers la péninsule arabe où ils s'établirent pour une longue période.
Ils adorèrent Allah, sans rien Lui associer mais le diable, ennemi juré des fils d'Adam, ne cessa pas d'oeuvrer afin de les égarer et les détourner de la voie d'Allah. C'est ainsi que peu à peu, ils se mirent à agir comme leurs pères et leurs anciens, délaissant le culte d'Allah unique, pour adorer des idoles qu'ils créaient de toutes pièces.
Ils s'installèrent en un endroit appelé « Hidjr » qu'Allah évoque dans le Coran dans une sourate qui porte le nom : « Hidjr », sourate dans laquelle Allah nous relate certains faits relatifs à ce peuple. « Al-Hidjr » se trouve entre le Hijaz et Tabouk à « Médiane Salih », distante de Médine de 380 km.
Ce peuple avait hérité des anciens, (le peuple de A'ad premier, peuple de Houd) la sculpture. C'est ainsi que l'on nomma le peuple de Houd, les premiers A'ad et ceux de Hidjr, peuple de Thamoud ou seconds A'ad.
Les Thamouds bâtissaient des palais en plaine et taillaient des maisons à même la montagne ; leurs palais étaient splendides, bien construits, fortifiés, bâtis avec de la pierre taillée qu'ils tiraient des roches volcaniques qui abondaient dans l'oued tout proche...
Leur force prodigieuse leur permettait de tailler des pierres en quantité énorme et selon les dimensions qui leur convenaient, ainsi que nous l'enseigne notre Seigneur en Son verset : « Et avec les Thamouds qui taillaient le rocher dans la vallée » (Coran 89.9)
Leur terre était fertile, féconde ; tout y poussait à profusion ; céréales, arbres fruitiers, palmiers aux dattes succulentes et « aux fruits digestes » (Coran 26.148) Allah les pourvut de sources abondantes, sans quoi, aucune végétation n'aurait pu y pousser. Ils vécurent dans le bonheur, la paix, la quiétude dans un environnement propice et accueillant parmi les nourritures abondantes et accessibles sans labeur ni fatigue... Nul avant eux ne fut à ce point comblé par Allah, à Lui Gloire et majesté.
L'unicité d'Allah et le rappel de Ses bienfaits
Au lieu de témoigner leur reconnaissance envers Allah, si généreux à leur égard, les Thamouds renièrent Ses bienfaits et, pire, se mirent à adorer et à implorer des statues, des idoles, suivant ainsi le chemin de l'égarement.
Les voyant dans une telle situation ; Allah voulut les sauver, les éloigner des ténèbres où ils étaient plongés et les ramener vers la lumière de la foi pure, faite de l'adoration d'Allah, unique, sans associé, de même qu'Il voulut les guider vers la bienfaisance.
Il leur envoya un homme, l'un des meilleurs parmi eux : ce fut Salih, d'une famille noble, honorable : il était doté par Allah d'un jugement, d'une sagesse et d'un savoir reconnus par tous. La tribu le consultait souvent sur les affaires de la cité. Il était écouté, admiré et reconnu...
Allah lui inspira d'aller dire à son peuple d'abandonner l'idolâtrie et de ne se consacrer qu'au Dieu unique, sans rien Lui associer. Salih vint vers les membres de son peuple et leur dit : « Ô mon peuple dit-il, adorez Allah, pour vous, pas d'autre divinité à part Lui ! » (Coran 7.73)
Cet ordre est le même que celui donné par Houd à son peuple, de même qu'il est identique à celui délivré par Noé à son peuple. En effet, tous les prophètes, depuis Adam jusqu'à Muhamed ont la même mission ; à savoir, ordonner à leur peuple de n'adorer qu'Allah, Dieu unique, sans rien Lui associer et de ne jamais adorer des idoles...
Ayant entendu Salih leur transmettre son message, les gens de sa tribu refusèrent de le suivre et s'opposèrent à son ordre ; leur coeurs, trop endurcis étaient devenus impénétrables. Les voyants hostiles à son appel, Salih se fit un devoir de leur rappeler les bienfaits qu'Allah leur avait dispensés dans Sa bonté infinie, car si son peuple se souvenait de tous ces bienfaits, il ne pouvait que s'amender et remercier son Seigneur.
« Et rappelez-vous quand Il vous fit succéder aux A'ad » (Coran 7.74) Ce fut la première chose qu'il leur rappela car le peuple de Salih connaissait très bien le peuple de Houd qui est le peuple de leurs ancêtres. Ils connaissaient leur histoire et savaient comment ils avaient été anéantis pour avoir désobéi à leur prophète. Ce premier rappel ne fut d'aucun effet sur le peuple de Salih ; il leur rappela donc un autre don d'Allah, leur disant : « Il vous a créés de la terre et Il vous l'a fait peupler (et exploiter). Implorez donc Son pardon ! » (Coran 11.61)
Les Thamouds rejettent la foi et refusent toute discussion
Le peuple de Salih s'enfla d'orgueil et renia son prophète, lui disant : « Ô ! Salih ! Tu étais auparavant un espoir pour nous ! » (Coran 11.62) Son peuple savait fort bien que Salih leur etait supérieur en savoir, en éducation et en intelligence, mais cela ne les empêchait pas de le provoquer. Autrement dit, « nous avions placé nos espoirs en toi, nous comptions beaucoup sur toi, Salih, mais hélas, avec le discours que tu nous tiens, nous demandant d'adorer Allah, tu as trahi notre confiance ! Nous pensions que tu serais avec nous dans l'idolâtrie, mais il semble que nous nous sommes trompés sur ton compte ! »
Salih avec beaucoup de politesse et de douceur continua à les conseiller dans l'espoir de les ramener sur le droit chemin : il leur dit : « Ô mon peuple ! Que vous en semble, si je m'appuie sur une preuve évidente émanant de mon Seigneur et s'Il m'a accordé de Sa part une miséricorde, qui donc me protégera contre Allah si je Lui désobéis ? » (Coran 11.63)
Puis Salih leur rappela d'autres bienfaits qu'Allah, en Son infinie bonté, leur accorda : « Et rappelez-vous quand Il vous fit succéder aux A'ads et vous installa sur la terre. Vous avez édifié des palais dans ses plaines, et taillé en maisons les montagnes ! » (Coran 7.74)
Malgré tout cela, les Thamouds persistèrent dans l'impiété, l'orgueil, l'arrogance, adorant des statues qui ne pouvaient, ni leur nuire ni leur être d'une quelconque utilité ; et pour finir, ils accusèrent injustement Salih et le calomnièrent, lui disant : « Tu n'es qu'un ensorcelé ! » (Coran 26.153)
Ils l'accusèrent de sorcellerie, alors qu'il était innocent. Néanmoins Salih ne cessa de les conseiller et de les convier à la croyance, poursuivant ainsi la mission qu'Allah lui avait confiée. Son peuple l'accusa aussi de vouloir s'enrichir à ses dépens ; ils affirmèrent que cette invitation au culte d'Allah, Dieu unique, n'était en réalité qu'un moyen d'amasser une fortune... Salih s'en défendit : « Je ne vous demande pas de salaire pour cela, mon salaire n'incombe qu'au Seigneur de l'univers ! » (Coran 26.145)
N'ayant pas réussi à décourager Salih, son peuple finit par lui tenir un discours plus agressif : « Toi et tes compagnons, vous portez malheur à notre tribu ; depuis que tu nous invites à suivre cette religion qui nous est étrangère, à nous comme à nos anciens, nous nous sentons perturbés ; aussi nous te disons : « Nous voyons en toi et en ceux qui sont avec toi, des porteurs de malheur ! » (Coran 27.47)
Salih, prophète d'Allah, leur répondit qu'eux-mêmes s'attiraient le malheur, car ils étaient en proie à la tentation du diable : « Votre sort dépend d'Allah. Mais vous êtes plutôt des gens qu'on soumet à la tentation ! » (Coran 27.47) La concertation et la discussion entre Salih et son peuple dura longtemps mais, malheureusement, seule une minorité de gens le crurent et le suivirent.
La chamelle des Thamouds, un miracle divin
Un jour, alors que les Thamouds étaient réunis en assemblée, comme à leur habitude, Salih, qui jamais ne désespérait ni ne se lassait, vint les trouver. Ces derniers lui dirent : « Les prophètes ont toujours produit des miracles et sont toujours munis de preuves, de signes pour attester de la véracité de leur message ! Quant à toi, tu ne nous as montré aucun signe, ni aucun miracle prouvant ainsi que tu es bien l'Envoyé d'Allah. » « Apporte donc un prodige, si tu es du nombre des véridiques. » (Coran 26.154)
Puis ils lui demandèrent de faire sortir de la roche une chamelle qu'ils décrivirent. Ainsi ils la voulaient d'une taille gigantesque, en gestation ou pleine depuis dix mois, sur le point de donner naissance à un petit... Ils s'engagèrent à partager l'eau de la source, l'utilisant un jour sur deux, à tour de rôle avec la chamelle.
Salih leur dit : « Si je vous ramenais une telle chamelle, croirez-vous enfin à mon message ? » Ils répondirent : « Oui, certainement ! » Ayant conclu ce pacte avec son peuple, Salih implora son Seigneur et lui demanda d'accomplir ce miracle en faisant surgir du rocher la chamelle réclamée par sa tribu. Soudain la roche se fendit, et une chamelle immense en sortit ; elle était magnifique, d'une taille jamais égalée, pleine de dix mois.
C'était la chamelle d'Allah ; elle avait été créée spontanément à partir du néant par Allah qui possède le pouvoir de créer toutes choses selon Sa seule volonté... Cette apparition miraculeuse frappa profondément les Thamouds, qui constataient de leurs yeux cette preuve irréfutable. Cet événement les divisa en deux clans : « Et voilà qu'ils se divisèrent en deux groupes qui se disputèrent. » (Coran 27.45)
Certains, éblouis par ce qu'ils avaient vu, finirent par admettre que ce miracle était bien la preuve que Salih était l'Envoyé d'Allah et ainsi, ils crurent à son message et le suivirent. D'autres s'opposèrent et renièrent le pacte conclu et ce qu'ils avaient vu de leurs propres yeux : une chamelle d'Allah. Allah les mentionne dans le Coran : « Mais ils se montrèrent injustes envers nos signes. » (Coran 7.103)
C'est-à-dire qu'ils renièrent le pacte conclu avec Salih, lequel leur rappela : « Voici la chamelle d'Allah, un signe pour vous ! » (Coran 7.73) Il leur prouva que cette chamelle exceptionnelle était un signe par lequel Allah voulait les mettre à l'épreuve pour distinguer les croyants des impies.
Ainsi qu'Allah nous l'enseigne en Son verset : « Nous leur enverrons la chamelle, comme épreuve. Surveille-les donc et sois patient ! » (Coran 54.27) Allah demanda à Son prophète de les informer. « L'eau sera en partage entre eux (et la chamelle) ; Chacun boira à son tour. » (Coran 54.28) « A elle de boire un jour convenu, et à vous de boire un jour. » (Coran 26.155) Il les informa et les mit en garde de ne jamais faire de mal à la chamelle : « Ne lui faites aucun mal sinon, un châtiment proche vous saisira ! » (Coran 11.61) En échange de quoi Allah les gratifia d'une autre faveur : le lait de la chamelle fut si abondant que toute la tribu put en boire à volonté...
Il en fut ainsi ... La chamelle broutait l'herbe partout à travers les champs, venait un jour sur deux boire l'eau du puits ; en échange la tribu avait du lait en abondance...
Et on tua la chamelle
Mais Allah, en Sa Gloire, savait que le peuple impie n'aurait pas la patience nécessaire pour honorer le pacte conclu et respecter la parole donnée. C'est pour cela qu'Allah dit à Salih : « Surveille-les donc et sois patient ! » (Coran 54.27) Son peuple se lassa vite de cette situation (de partage de l'eau avec la chamelle), le premier à avoir l'idée de la tuer fut Quidar ibn Salef, le chef, un rouquin à la peau rouge. Il réussit à convaincre huit de ses compagnons à réaliser son funeste projet ; le diable réussit à les entraîner en enjolivant à leurs yeux cet acte ignoble.
Ce fut le début de leur chute, comme nous l'indique Allah, Gloire à Lui, en Son Livre sacré : « Et il y avait dans la ville, un groupe de neuf individus qui semaient le désordre sur terre et ne faisaient rien de bon. » (Coran 27.48)
Ils réussirent à convaincre toute leur tribu en leur disant que la chamelle les gênait dans leur existence et qu'il fallait l'éliminer en l'égorgeant. Toute la tribu, hommes et femmes donnèrent leur accord ; entre temps, la chamelle avait mis bas, c'est-à-dire qu'elle avait donné naissance à un petit. Quidar était un pervers comme la terre n'en a jamais porté, Allah le dépeint comme « le plus misérable d'entre eux » (Coran 91.12)
Quidar, donc, se leva, alla vers la chamelle et lui coupa le jarret ; elle tomba en poussant un cri ; puis son agresseur tira son épée et lui trancha la gorge ; le reste de la tribu, hommes et femmes confondus se mirent à danser et à chanter autour de la pauvre bête : « Ils tuèrent la chamelle et désobéirent au Commandement de leur Seigneur ! » (Coran 7.77)
Ils tuèrent la chamelle sans aucun remords ni aucune crainte de leur Seigneur, osant même dire à Salih : « Ô Salih, fais-nous venir ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des Envoyés ! » (Coran 7.77) poussant ainsi plus loin leur révolte impie, appelant ainsi de leurs voeux le châtiment d'Allah alors qu'au fond d'eux-mêmes, ils savaient que Salih était véridique mais leur égarement les éloignait de la vérité. Salih leur dit : « Jouissez (de vos biens) dans vos demeures pendant trois jours (encore). Voilà une promesse qui ne sera pas démentie ! » (Coran 11.65)
Ils coupèrent la chamelle en morceaux et se mirent à la dévorer, fiers d'eux-mêmes. Ils songèrent même à tuer le prophète et sa famille. Ils se réunirent en secret et décidèrent de tuer Salih « Ils dirent : Jurons par Allah que nous l'attaquerons de nuit, lui et sa famille ! » (Coran 27.49) Ils conclurent un pacte sur l'agression de Salih mais ils savaient que ses compagnons le vengeraient ; aussi, décidèrent-ils de nier leur acte et de rejeter toute accusation...
Mais leur complot fut déjoué par Allah, qui stoppa leur attaque par une pluie de pierres qui anéantit les agresseurs dans leur totalité : « Ils ourdirent une ruse, et Nous ourdîmes une ruse sans qu'ils s'en rendent compte. » (Coran 27.50) C'est ainsi qu'Allah protège les gens de bien contre les agissements des méchants.
Le châtiment s'abat sur les Thamouds
Passés trois jours, l'heure du châtiment des Thamouds sonna. Il y eut d'abord un tremblement de terre : « le cataclysme les saisit ; et les voilà étendus gisant dans leurs demeures ! » (Coran 7.78)
Puis un bruit effrayant venu du ciel finit de les achever « Leur Seigneur les détruisit donc pour leur péché et étendit Son châtiment sur tous. » (Coran 91.14) Ils étaient tous étendus, jonchant le sol. « Ils furent réduits à l'état de paille d'étable. » (Coran 54.31) Ils furent réduits en poussière ; Allah les exclut de Sa miséricorde. « En vérité, les Thamouds n'ont pas cru en Leur Seigneur. Que périssent les Thamouds ! » (Coran 11.68)
Quant aux croyants qui avaient suivi Salih, Allah les évoqua ainsi : « Nous sauvâmes ceux qui avaient cru et étaient pieux. » (Coran 27.53)
Salih se détourna de son peuple châtié par Allah en disant : « Ô mon peuple, je vous avais communiqué le message de mon Seigneur et vous avais conseillé sincèrement. Mais vous n'aimez pas les conseillers sincères ! » (Coran 7.79)
Il ne resta des infidèles du peuple de Salih qu'un seul homme, Abou Righal ; il était dans un sanctuaire. Lorsqu'il en sortit, il subit le même sort que le reste des infidèles ; il fut enterré dans une tombe. Lorsque vint l'époque de notre prophète Muhammed (prière et bénédiction divine sur lui) il dit à ses compagnons : ceci est la tombe d'Abou Righal ; et comme signe, il a été enterré avec une branche en or. Lorsqu'ils fouillèrent la tombe, ils découvrirent en effet la branche. Ainsi, le châtiment d'Allah n'épargne aucun infidèle.