Et job, quand il implora son Seigneur : « Le mal m'a touché. Mais Toi, Tu es le plus miséricordieux des miséricordieux ! » (Coran 21.83)
Allah a accordé Sa grâce à Job, le reconnaissant
Job a subi des épreuves si pénibles et durant de si longues années, qu'il demeure à nos jours un modèle et un symbole d'endurance, de patience et de résignation.
Depuis son époque jusqu'à nos jours, on a toujours associé le nom de Job à la souffrance physique et morale. C'est pour cela que nous devons accorder une attention particulière à l'histoire sublime de Job afin de tirer des leçons qui pourront nous servir durant notre existence.
Job était un Romain de la lignée d'Isaac, fils d'Abraham. C'était un homme de bien, un homme exemplaire à tous points de vue. Allah l'a gratifié de Ses dons généreux. Job avait des biens immenses : des terres vastes et fertiles à Houran près de Damas.
Aux terres travaillées et cultivées par des esclaves à son service, s'ajoutait un élevage étendu à toutes les espèces de bétails : bovins, ovins, caprins, etc... De ses vastes territoires, on tirait de l'or, de l'argent et toutes sortes de métaux précieux. Allah l'avait aussi doté d'un corps robuste, et d'une beauté que l'on compare à celle de Joseph. Enfin, il avait une femme admirable qui lui donna des enfants que tout le monde admirait.
Job sut donner à ses enfants une éducation parfaite, si bien que sa famille et lui même rayonnaient dans toute la région. Bref, possédant des terres, des biens immenses, des serviteurs, une famille nombreuse et vertueuse, Job était comblé par son Seigneur.
Pourtant il a su rester égal à lui-même ; à aucun moment on n'a pu déceler chez lui de la vanité, de l'orgueil ou de l'arrogance ! Bien au contraire, Job a toujours su secourir le faible, recueillir et élever les orphelins, recevoir avec dignité et générosité les voyageurs de passage en sa contrée.
Toujours souriant, affable, il n'a jamais heurté la sensibilité d'un faible ou d'un démuni. Reconnaissant envers Allah qui l'avait si généreusement gratifié, Job ne cessa jamais de louer son Seigneur et de répandre autour de lui ses biens bénis.
Toute cette richesse ne détourna pas Job de sa mission sacrée qui consistait à guider les hommes vers l'adoration d'Allah, Dieu unique sans rien Lui associer. Job savait que la possession des biens, la puissance de l'argent ou la taille d'une famille ou d'une tribu ne devaient pas être une fin en soi ni le but d'une vie ; seule comptait à ses yeux la foi, l'adoration d'Allah unique.
Sa mission essentielle était donc d'appeler son peuple à la bienfaisance, au droit chemin et à la foi véritable, le culte de l'Unique, Allah, à Lui Gloire et Majesté. Mais quelle serait l'attitude de Job face à l'adversité, aux malheurs et à la souffrance ? Serait-il reconnaissant et soumis dans la gêne comme il l'a été dans l'aisance ?
Job face à des épreuves terribles
Allah, Gloire à Lui, a voulu soumettre Job à de rudes épreuves afin de mesurer sa patience et son endurance dans l'adversité après l'avoir connu reconnaissant dans l'aisance. Car le véritable croyant, ferme dans sa foi, se doit d'être reconnaissant envers son Seigneur lorsqu'il le gratifie d'un bien quelconque, et patient et soumis à la volonté divine lorsqu'un malheur l'atteint, de même qu'il doit s'interdire absolument toute révolte impie.
Job vit sa situation se détériorer et se dégrader dans tous les domaines... Il perdit ses biens, et passa très vite de la richesse à la pauvreté. A sa force physique et à sa santé se substituèrent la faiblesse et la maladie... Les gens qui l'aimaient et l'estimaient se détournèrent de lui.
Le diable, lui-même, se mit de la partie et essaya de le tromper et le détourner de son attachement à Allah, de ses prières et de ses louanges ; mais cela, Allah ne le permit pas en confortant Job dans sa foi.
Comme première épreuve, Allah fit perdre à Job tous ses biens ; très vite il perdit sa fortune, son cheptel, ses esclaves et domestiques. Quant à ses terres, de fertiles et généreuses qu'elles étaient, elles devinrent subitement arides, ingrates ; toute verdure avait disparu, il ne restait plus qu'un désert de poussières.
Ses enfants, quant à eux, moururent un à un, emportés par la maladie. Job, lui-même, touché par tant de malheurs successifs se vit anéanti dans son corps par toutes sortes de maladies à la fois.
Vieilli avant l'âge, squelettique, accablé, il était méconnaissable. Personne ne reconnaissait ce vieillard chétif, malade, souffrant et brisé. Ses amis, nombreux aux temps de sa prospérité le quittèrent un à un et l'ignorèrent souverainement. Des voisins, des proches, des inconnus, à qui il avait tant donné lui tournèrent soudain le dos. Dans son malheur, Job fit face à l'ingratitude humaine...
La femme de Job solidaire de son époux
Face à ces épreuves terribles, Job ne trouva qu'une seule personne comme soutien et alliée. Ce fut son épouse, qui resta à ses côtés en ces temps pénibles et durs comme elle avait été à ses côtés dans l'aisance et la sérénité. Elle se montra digne et noble dans l'adversité. Elle se résigna face à l'épreuve à laquelle le Seigneur les soumit son époux et elle.
Une épreuve immense en vérité. Après avoir épuisé le peu d'argent qu'il leur restait, Job et sa femme durent se résoudre à vendre leur maison. Ainsi, il se retrouvèrent sans toit pour s'abriter du soleil de l'été et des rigueurs du froid hivernal.
De plus, pour subvenir à leurs besoins élémentaires de nourriture et de soins, la femme de Job fut réduite à travailler comme femme de ménage chez les riches de la cité. Elle fut contrainte à accomplir tous les travaux qu'on voulait bien lui confier contre un salaire dérisoire sinon humiliant. Mais elle sut trouver en elle la force morale pour endurer avec constance cette nouvelle existence au plus bas de l'échelle sociale, afin de nourrir et de soigner Job.
Job subissait en plus de toutes ces privations, des souffrances physiques indescriptibles, car son corps tout entier était rongé par des maladies multiples. Malgré tout cela, il ne cessa jamais de louer Son Seigneur, de glorifier Allah et de Lui témoigner une soumission totale. Job n'avait pas été ébranlé dans sa foi. Il était resté égal à lui même : riche et puissant, il ne fut pas orgeuilleux. Pauvre et exclu, il garda une foi ferme.
Job résiste à la tentation du diable
Comme à son habitude, le diable saisit toutes les occasions qui se présentent à lui pour détourner les fidèles de leur amour pour le Seigneur. Voyant Job dans un état de détresse physique, il chercha à lui faire croire qu'Allah l'avait abandonné à son sort, faute de quoi Il ne lui aurait pas retiré sa richesse antérieure pour le plonger dans un tel état de délabrement...
Mais Job déjoua le piège du diable et se mit à prononcer la formule adéquate : « Je cherche la protection d'Allah contre Satan le lapidé ! »
Job savait que Satan n'avait qu'un but, celui de détourner les croyants de leurs prières, de l'adoration d'Allah et de semer dans leur esprit le doute et l'impiété. C'est pour cela que Job se résigna face à toutes ces épreuves et les accepta en tant qu'obstacles à franchir afin de se rapprocher de son Seigneur.
Entre temps, les gens qui employaient la femme de Job finirent par la renvoyer de peur d'être contaminés par les maladies de son époux. N'ayant plus de travail, elle ne sut quoi faire pour se procurer un peu de nourriture pour Job et pour elle-même. En désespoir de cause, elle pensa à vendre ses longues tresses de cheveux, car cela se faisait à son époque.
Les femmes riches achetaient de belles chevelures en guise de perruques. Elle alla trouver une femme nantie et lui proposa d'échanger une de ses tresses contre de la nourriture. Le marché fut conclu et elle rapporta une quantité de nourriture suffisante pour quelques jours, qu'elle paya d'une de ses tresses de cheveux.
Au bout d'un certain temps, la nourriture vint à manquer et elle se résolut à vendre la deuxième et dernière tresse de cheveux. Ayant rapporté de la nourriture à Job, ce dernier refusa d'y toucher avant de connaître l'origine de ce repas. Job jura de ne pas manger tant qu'il ne saurait pas toute la vérité.
Alors sa femme lui montra sa tête et il sut qu'elle avait vendu sa chevelure. Cela le révolta et il fit le serment de la fouetter cent fois quand il guérirait. Puis il se mit à implorer son Seigneur : Le mal m'a toucher. Mais toi, tu es le plus miséricordieux des miséricordieux !
Durant toute cette période terrible, seuls deux frères de Job lui rendaient visite pour le secourir quelque peu et l'aider en l'absence de son épouse. Un jour, l'un des frères dit à l'autre : « Tu sais, Job a dû commetter un péché immense pour qu'Allah l'abandonne et le fasse souffrir dix-huit années durant ! »
Ces paroles furent rapportées à Job, qui en fut terriblement touché. Il s'écria : « Allah est témoin de ma conduite. Il sait que je n'ai jamais péché, Il sait aussi que jamais je n'ai rencontré deux hommes en train de se battre sans que je n'intervienne pour restaurer la paix entre eux, de peur qu'ils ne blasphèment dans leur lutte. De même que je demandais le pardon à notre Seigneur à leur place pour les propos qu'ils tenaient. »
Non, assurément Job était au dessus de tout soupçon.
Allah mit fin aux souffrances de Job
Job, au plus profond de son calvaire, implora Allah afin qu'Il le délivre de ses souffrances et de ses malheurs. Allah répondit à son appel et lui dit : « Frappe (la terre) de ton pied. » (Coran)
Il frappa la terre de son pied et une eau fraîche en jaillit. Allah lui dit : « Voici une eau fraîche pour te laver et voici de quoi boire ! » (Coran)
En un instant les douleurs de Job disparurent ainsi que ses maladies ; il retrouva sa santé et ses biens ; Allah le couvrit de Sa grâce et de Sa miséricorde. Son épouse arriva peu après. Ne l'ayant pas reconnu, elle se demandait à qui elle avait affaire... elle demanda : « Ô créature d'Allah, n'as-tu pas aperçu Job, le prophète d'Allah, le prophète éprouvé ? Je crains, à Allah ne plaise, que les chiens ou les chacals ne le dévorent ! En vérité, étranger, tu ressembles beaucoup à Job du temps de sa jeunesse ! »
Il lui répondit : « Je suis Job ! Allah a voulu mettre fin à mes souffrances et m'a rendu ma santé. » Allah dans Son infinie miséricorde, ressuscita les enfants de Job et lui restitua une famille plus nombreuse qu'à l'origine. « Et Nous lui rendîmes sa famille et la fîmes deux fois plus nombreuse, comme une miséricorde de Notre part ! » (Coran)
Enfin, le Seigneur envoya deux nuages sur deux terrains de Job. Sur le premier terrain, un nuage déversa une pluie de sauterelles en or. Et sur le second terrain, le deuxième nuage déversa une nuée de sauterrelles en argent !
Les gens de la cité furent surpris par ce qui arrivait à Job après dix-huit année de malheur ! L'histoire de Job est un exemple lumineux pour l'humanité entière. Ce récit sublime doit éclairer les hommes à travers les temps. Allah soumet Ses créatures fidèles à des épreuves, non point pour les voir souffrir mais au contraire pour que les vertueux, solides dans leur foi, trouvent en cela le moyen de se rapprocher davantage de leur Seigneur.
Enfin, rappelons-nous le serment de Job par lequel il avait juré de donner cent coups de fouet à sa femme lorsqu'elle avait vendu ses cheveux. Allah en Sa clémence infinie, proposa à Job une issue heureuse pour le libérer de ce serment : « Et prends dans ta main un faisceau de brindilles, puis frappe avec cela. Et ne viole pas ton serment ! » (Coran)
Il en fut ainsi par la grâce d'Allah ! Une grâce pour Job, une grâce pour son épouse admirable, patiente, croyante, qui s'était sacrifiée à l'extrême pour secourir son époux. Enfin le diable, maudit, avait ainsi échoué dans son projet funeste de détourner Job de sa foi, de sa prière et de son adoration pour Allah. Job sortit vainqueur de l'épreuve car il avait Allah pour soutien.
« Oui, Nous l'avons trouvé vraiment endurant. Quel bon serviteur ! » (Coran)