Ryadh Salihin

Le Jardin des Vertueux


 

Sommaire | Chap. 1 | 25. Le devoir de restituer le dépôt

Allah a dit :

Coran 4.58 : [Certes, Dieu vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants droit.]

Coran 33.72 : [En vérité, Nous avons proposé le dépôt de la foi aux Cieux, à la Terre et aux montagnes, mais tous refusèrent d'en assumer la responsabilité et en furent effrayés, alors que l'homme, par comble d'ignorance et d'iniquité, s'en est chargé.]

 

199. Selon Abou Hourayra , le Messager de Dieu a dit : « On reconnaît l’hypocrite à l’une de ces trois caractéristiques : Quand il parle il ment. Quand il promet il ne tient pas sa promesse Quand on lui confie un dépôt il le trahit. » [Bukhari et Muslim]

Dans une autre version il ajoute :
…quand bien même il observe le jeûne, pratique la prière et prétend être musulman.

200. Houdheyfa Ibn Al Yamân rapporte : « Le Prophète nous a relaté deux évènements dont le premier s'est déjà réalisé; quant au second, j'attends sa réalisation. Il nous a dit que le dépôt (de la foi) s'etait enraciné dans le coeur des hommes. Ensuite, le Coran a été révélé, ils apprirent alors (le dépôt) du Coran et de la Sunna. Puis il nous informa sur la façon dont sera retiré ce dépôt, il dit : « L'homme s'endormira un moment et le dépôt lui sera retiré de son coeur, en ne laissant qu'une légère trace. Puis il s'endormira à nouveau et le dépôt lui sera retiré de son coeur, en laissant une trace semblable à la cloque, telle une braise que tu aurais laissé tomber sur ton pied, créant ainsi une cloque. Cette dernière te paraîtra proéminente mais, en vérité, elle sera vide (il prit alors un caillou qu'il laissa glisser sur son pied). Les gens contracteront des engagements, mais tu ne trouveras pratiquement personne pour les respecter, au point que l'on dit : "Il y a, dans telle tribu, un homme fidèle à ses engagements." On lui dira : "Comme il est robuste ! Comme il est courtois! Comme il est sensé !", alors qu'il n'aura même pas le moindre atome de foi. » [Hudhayfa poursuit :] Il fut un temps où je ne me souciais pas de savoir avec lequel d'entre vous je contractais un engagement. S'il était musulman, sa religion etait pour moi signe de garantie et s'il était juif ou chrétien, c'était son gouverneur qui en était garant. A présent, je ne contracterai d'engagement qu'avec untel et untel. » [Bukhari et Muslim]

201. Selon Houdheyfa et Abou Hourayra , le Messager de Dieu a dit : « Dieu, béni et exalté, rassemblera les gens (le jour de la Résurrection). Les croyants se lèveront et le Paradis leur sera rapproché. Ils iront trouver Adam et lui diront : "O notre père! Demande qu'on nous ouvre l'accès au Paradis." Il répondra alors : "Et qu'est-ce qui vous a fait sortir du Paradis si ce n'est le péché commis par votre père ? Je ne suis pas digne de cela, adressez-vous donc plutôt à mon fils Abraham, l'ami intime de Dieu." Ils iront alors trouver Abraham, ce dernier dira : "Je ne suis pas digne de cela, allez plutôt trouver Moise, celui à qui Dieu a parlé directement." Ils iront trouver Moise qui leur dira : "Je ne suis pas digne de cela, adressez-vous à Jésus, Verbe et Esprit de Dieu." Jésus dira : "Je ne suis pas digne de cela." Ils iront alors trouver Muhammad qui se lèvera et à qui on permettra [l'intercession]. Le dépôt et les liens de parenté se tiendront de part et d'autre du pont (sirat). Le premier d'entre vous traversera ce pont à la vitesse de l'éclair. » Je dis alors au Prophète : « Toi qui m'es plus cher que père et mère, comment peut-on se représenter la vitesse de l'éclair ? » Le Prophète répondit : « Ne voyez-vous pas comment l'éclair traverse (le ciel) en un clin d'oeil ? Le suivant traversera le pont à la vitesse du vent, un autre à la vitesse d'un oiseau. La vitesse à laquelle les hommes traverseront le pont sera fonction de leurs oeuvres. Votre Prophète se tiendra près du pont en disant : "Seigneur, préserve-les ! Préserve-les !", jusqu'à ce que les oeuvres des gens ne leur suffiront plus (afin de passer le pont). C'est alors qu'un homme ne pourra avancer qu'en rampant. De chaque côté du pont, seront accrochées des pinces chargées de saisir ceux qui leur sont désignes. Certains seront griffés de ces pinces mais en réchapperont finalement. D'autres seront jetés et entassés dans le Feu. Par Celui qui tient l'âme d'Abu Hurayra dans Sa Main, la profondeur de l'Enfer équivaut à une distance de soixante-dix années de marche. » [Muslim]

202.’Abdullâh Ibn az Zoubeyr a dit : « Le jour de la bataille du chameau, lorsque Az Zoubeyr se dressa entre les partisans de ‘Aïcha et ceux de ‘Ali, il m’appela et je me tins debout à son côté. Il me dit : « Mon petit! Voici un jour où ne sera tué qu’un injuste ou la victime d’une injustice, et je voix sûrement que je vais être tué aujourd’hui victime d’une injustice. Parmi mes plus grands soucis est certainement ma dette. Penses-tu que l’acquittement de ma dette vous laissera quelque chose de mes biens? » Puis il dit : « Mon petit! Vends nos biens et paie notre dette. Il en légua le tiers et le tiers de ce tiers aux fils de ‘Abdullâh Ibn Azzoubeyr. Il dit : « Si, après le règlement de ma dette, il reste quelque chose de nos biens, que le tiers en soit donné à tes enfants ». Hishâm dit : « Le fils de ‘Abdullâh avait vu quelques-uns des fils de Azzoubeyr, Khoubeyb et ‘Abbâd. Il avait alors neuf fils et neuf filles. ‘Abdullâh dit : « Il se mit à me recommander sa dette en disant : « Mon petit! Si tu ne peux payer une partie de ta dette, cherche aide auprès de mon Seigneur ». Il dit : « Par Dieu, je n’ai pas compris ce qu’il disait et je lui dis : « Père! Qui est donc ton Seigneur? » Il dit : « Dieu ». Il dit : « Chaque fois que j’ai eu des difficultés à payer ses dettes, je disais : « Maître de Az Zoubeyr, acquitte pour lui sa dette! », et Il l’acquittait ».

Il dit : « Azzoubeyr fut donc tué sans laissé ni dinars ni dirhems à part des terres, dont celle nommée « la forêt ». Il laissa de même onze maisons à Médine, deux de Basra , une à Koufa et une en Egypte ». Il dit : « Toutes ses dettes ne provenaient que du fait suivant : chaque que quelqu’un venait lui confier quelque chose, il lui disait : « Que ce soit à tire d’emprunt car je crains de la perdre ». Jamais il n’a accepté un poste de commandement ou une charge de collecteur d’impôts ou autre à moins qu’il ne fût dans une campagne militaire avec le Messager de Dieu ou Abou Bakr, ou ‘Omar, ou ‘Othmân, que Dieu leur accorde satisfaction ».

‘Abdullâh dit : « J’ai évalué le montant de sa dette et je l’ai trouvé de deux millions deux cent mille dinars ». Hakim Ibn Hizam rencontra ‘Abdullâh Ibn Azzoubeyr et lui dit : « O fils de mon frère! Combien doit mon frère?» Je lui en cachais la vraie valeur et lui dis : « Cent mille dinars ». Hakim dit : « Par Dieu! Je ne crois pas que vos biens suffiront à la payer ». ‘Abdullâh dit : « Que dirais-tu si elle s’élevait à deux millions deux cent mille? » Il dit : « Je ne vous vois pas capables de vous en tirez. De toutes façon, toutes les fois que vous aurez des difficultés, adressez-vous à moi ».

Il dit : « Az Zoubeyr avait acheté « la forêt » pour cent soixante mille dinars. ‘Abdullah la vendit pour un million six cent mille. Puis il se leva et dit : « Que celui à qui Az Zoubeyr doit quelque chose vienne me rejoindre à la forêt». ‘Abdullâh Ibn Ja’far l’y rejoignit. Azzoubeyr lui devait quatre cent mille dinars. Il dit à ‘Abdullah Ibn Azzoubeyr : « Si vous voulez je renonce pour vous à mon dû ». ‘Abdullâh lui dit : « Non ». Il dit : « Si vous voulez, reportez à plus tard le paiement de ce que vous me devez ». ‘Abdullah dit encore :« Non ». Il dit : « Dans ce cas, donnez-moi une partie de « la forêt ». ‘Abdullah dit : « Tu en as d’ici à là-bas ». ‘Abdullâh en vendit une partie. Cela suffit à payer la dette et il en resta quatre parts et demie. Il se rendit chez Mou’âwiyâ alors qu’il avait auprès de lui, ‘Amr Ibn ‘Othmân, Al Mondher Ibn Azzoubeyr et Ibn Zam’a. Mou’âwiyâ lui dit : « A combien a été évalué « la forêt »? Il dit : « Chaque part a été estimée à cent mile dinars » Il dit: « Combien en reste t-il? » Il dit : « Quatres partes et demie ». Al Mondher Ibn Azzoubeyr dit : « J’en prends une pour cent mille dinars ». ‘Amr Ibn Othmân dit à son tour : « J’en prends une aussi à cent mille dinars ». Ibn Zam’a dit enfin : « J’en prends une à cent mille dinars ».

Mou’âwiyâ dit alors : « Combien en reste t-il? » Il dit : « Une part et demie ». Il dit : « Je les prends pour cent cinquante mille dinars ». Quand Az Zoubeyr régla le restant de la dette, les fils de Az Zoubeyr lui dirent : « Partage entre nous notre part d’héritage ». Il dit : « Par Dieu! Je ne la partagerai entre vous qu’après avoir crié durant le pèlerinage de quatre années consécutives : « A qui Az Zoubeyr doit encore quelque chose ? » Une fois les quatre années révolues, il partagea l’héritage et leur en donna le tiers. Azzoubeyr avait eu quatre femmes. A chacune d’elles revint la somme de un million deux cent mille dinars. Toute sa fortune s’élevait donc à cinquante millions et deux cent mille dinars. [Bukhari]

 

 

Se Procurer Le Livre Ryad Salihin-Les jardins de la Vertu 13,00 €
 
 
Ryadh Salihin - Le Jardin des Vertueux - Islammedia.free.fr