Ryadh Salihin

Le Jardin des Vertueux


 

Sommaire | Chap. 1 | 56. Les vertus de la faim et la vie austère

Allah a dit :

Coran 19.59 : [Puis leur succédèrent des générations qui délaissèrent la prière et suivirent leurs passions. Ils se trouveront en perdition, sauf celui qui se repent, croit et fait le bien : ceux-là entreront dans le Paradis et ne seront point lésés.]

Coran 28.79 : [Il (Coré) dit : "C´est par une science que je possède que ceci m´est venu". Ne savait-il pas qu´avant lui Allah avait périr des générations supérieures à lui en force et plus riches en biens ? Et les criminels ne seront pas interrogés sur leurs péchés" ! Il sortit à son peuple dans tout son apparat. Ceux que aimaient la vie présente dirent: "Si seulement nous avions comme ce qui a été donné à Coré. Il a été doté, certes, d´une immense fortune".]

Coran 102.8 : [Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour-là, sur les délices.]

Coran 17.18 : [Quiconque désire [la vie] immédiate, Nous nous hâtons de donner ce que Nous voulons ; à qui Nous voulons. Puis, Nous lui assignons l´Enfer où il brûlera méprisé et repoussé.]

 

491. 'Aisha rapporte : « La famille de Mohammad ne s'est jamais rassasiée deux jours consécutifs de pain d'orge jusqu'à sa mort. » [Bukhari et Muslim]

Dans une autre version: « La famille de Mohammad depuis son arrivée à Médine, ne s'est jamais rassasiée de blé trois jours consécutifs jusqu'à la mort du Prophète. »

492. Selon 'Ourwa, 'Aisha lui a dit : « Par Dieu, mon neveu ! Nous voyions le croissant de lune, puis le suivant, et encore le suivant sans que, dans cette période de deux mois, on ait allumé le feu dans l'une des maisons du Prophète . » Je lui posai la question : « O ma tante, de quoi vous nourrissiez-vous ? » - « De deux aliments : les dattes et l'eau. Cependant, le Prophète avait pour voisins des ansars qui possédaient des bêtes laitières et qui lui envoyaient du lait qu'il nous donnait à boire, répondit 'Aïsha. » [Bukhari et Muslim]

493. D'après Abou Sa'id Al Maqbouri, Abou Hourayra passa une fois devant des gens qui avaient devant eux un agneau rôti. Ils l'invitèrent à en manger avec eux, mais il refusa en disant : « Le Messager de Dieu a quitté ce monde sans avoir jamais mangé à satiété du pain d'orge ». [Bukhari]

494. Selon Anas , le Prophète n'a jamais mangé sur une table jusqu'à sa mort. Il n'a jamais mangé de pain blanc jusqu'à sa mort ». [Bukhari]

Dans une autre version d'Al Boukhari : « Il n' a jamais vu non plus d'agneau rôti. »

495. Nou'man Ibn Bashir rapporte : « J'ai bien vu votre Prophète ne disposant pas même de dattes de mauvaise qualité pour remplir son ventre. » [Muslim]

496. Sahl Ibn Sa'd rapporte : « Le Messager de Dieu n'a jamais vu de pain blanc depuis que Dieu le Très-Haut l'a suscité comme Messager jusqu'à ce qu'il lui reprît son âme ». On lui demanda : « Aviez-vous, du temps du Messager de Dieu des tamis pour séparer le son de la farine ? » Il dit : « Le Messager de Dieu n'a jamais vu ces tamis depuis que Dieu le Très-Haut l'a suscité comme Messager jusqu'à ce qu'il lui reprît son âme » On lui dit : « Comment pouviez-vous manger l'orge avec du son ? » Il dit : « Nous soufflions dans sa farine pour faire voler ce qu'on pouvait de son et nous pétrissions le reste ». [Bukhari]

497. Abou Hourayra rapporte: « Le Prophète sortit un jour ou une nuit - de chez lui. Il rencontra Abu Bakr et 'Omar et leur demanda : « Qu'est-ce qui vous a donc fait sortir de vos demeures à une heure pareille ? » - « La faim, Prophète de Dieu, répondirent-ils. » - « Par Celui qui tient mon âme dans Sa Main, c'est la même raison qui m'a poussé à sortir de chez moi. Levez-vous ! » Ils se levèrent et se rendirent chez un homme parmi les ansars, mais celui ci n'était pas chez lui. Mais lorsque sa femme vit le Prophète, elle s'exclama : « Soyez les bienvenus ! » Le Prophète lui répondit : « Où est ton mari ? » - « Il est parti à la recherche d'eau fraiche. »

A cet instant, son mari arriva, vit le Prophète et ses deux Compagnons et s'exclama : « Dieu soit loué ! Personne en ce jour n'aura d'hôtes plus nobles que les miens. » Il partit et revint avec une branche de palmier contenant des dattes à peine mures, des dattes sèches et des dattes fraîches, puis il dit : « Mangez ! » Ensuite il prit un couteau mais le Prophète l'interpella en ces termes : « Surtout, ne tue pas de bête laitière. » Il égorgea [malgré tout] en leur honneur une brebis et ils en mangerent ainsi que des dattes et ils burent de l'eau. Lorsqu'ils furent rassasiés et qu'ils burent à satiété, le Prophète dit à Abu Bakr et 'Omar : « Par Celui qui tint l'âme de Muhammad dans Sa Main, vous aurez à rendre compte de ces délices le jour de la Résurrection! C'est la faim qui vous a fait sortir de chez vous et vous n'y êtes rentrés qu'après qu'on vous ait accordé ces délices. » [Muslim]

498. Khalid Al 'Adawi rapporte : « 'Utba ibn Ghazwan, après avoir loué et glorifié Dieu, nous fit un sermon - alors qu'il était émir de Bassora - en ces termes : « Ce monde annonce sa fin et le temps s'écoule à grande vitesse. Puis il ne subsistera plus rien, telles les dernières gouttes d'eau que l'on recueille au fond d'un récipient. Vous quitterez ce monde pour un autre qui n'a pas de fin. Allez-y en emportant avec vous ce que vous avez de meilleur. Certes, il nous a été dit que la pierre qu'on lance des bouches de l'Enfer tombe pendant soixante-dix années sans en atteindre le fond et, par Dieu, l'Enfer sera rempli ! En êtes-vous surpris ? On nous a informés également que la distance séparant les montants d'une des portes du Paradis est égale à quarante années de marche. Un jour viendra, cependant, ou à l'entrée de cette porte, une foule immense se présentera. J'étais un jour le septième d'un groupe de sept personnes en compagnie du Prophète . Nous n'avions pour repas que des feuilles d'arbres, au point que le fond de nos bouches en devenait ulcéré. Je trouvai un jour un manteau que je partageai avec Sa'd ibn Malik. Je fis de ma moitié un izar, Sa'd en fit de même. A présent, chacun d'entre nous est devenu gouverneur d'une région. Je demande à Dieu de me préserver de me considérer grand en mon for interieur et petit à Son égard. » [Muslim]

499. Abou Musa Al Ash'ari rapporte: « 'Aisha nous montra un habit et un pagne épais et nous déclara : « Voilà ce que portait le Messager de Dieu à sa mort ». [Bukhari et Muslim]

500. Sa'd Ibn Abi Waqqas rapporte « Je suis certes le premier Arabe à avoir tiré une flèche au service de Dieu. Nous entreprenions des expéditions militaires en compagnie du Prophète en n'ayant pour nourriture que des feuilles d'arbres épineux (la hubla et le samur), si bien que nous avions des selles comparables aux crottes de brebis éparpillées. » [Bukhari et Muslim]

501. Selon Abou Hourayra , le Messager de Dieu a dit : « Seigneur Dieu! Faites que la subsistance de la famille de Mohammad se limite à leur faim ». [Bukhari et Muslim]

502. Abou Hourayra rapporte : « Par Dieu, en dehors duquel il n'est d'autre divinité, il m'est arrivé d'appuyer mon estomac contre le sol tellement j'avais faim et de fixer une pierre contre mon ventre. Un jour, alors que j'étais assis sur un chemin qu'empruntaient les Compagnons, le Prophète passa devant moi, esquissa un sourire en s'apercevant de mon état et en observant mon visage et ma silhouette. Il me dit : « Abu Hirr ! » - « A ton service, Prophète de Dieu, répondis-je. » - « Suis-moi, ajouta-t-il. » Il continua son chemin pendant que je le suivais puis entra chez quelqu'un et demanda l'autorisation de m'y introduire. J'entrai donc après avoir reçu son accord. Il trouva une cruche de lait et demanda : « D'où vient ce lait ? » - « C'est untel (ou une-telle) qui te l'a offert, répondirent-ils. »

Il m'interpella alors : « Abu Hirr ! » - « A ton service, Prophète de Dieu, répondis-je. » - « Rends-toi auprès des gens de la Suffa ! » - Ce sont les hôtes de l'islam qui n'ont ni famille ni argent. Lorsqu'une aumône lui parvenait, le Prophète la distribuait à ces gens, et n'en gardait rien. Lorsqu'un cadeau lui parvenait, Il le leur envoyait et le partageait avec eux. - Cela ne me plut guère et je me demandai : « Vu le nombre des gens de la Suffa, comment ce lait pourrait-il suffire ? Je mérite plus cette part de lait qui me rendra mes forces. S'ils arrivent et que le Prophète m'ordonne de leur en verser, que m'en restera-t-il ? Mais je n'ai d'autre solution que d'obéir à Dieu et à Son Prophète . » Je partis donc à leur rencontre et les invitai. Ils me suivirent et demandèrent l'autorisation d'entrer, Il le leur fut accordée.

Ils prirent place dans la maison et, à nouveau, le Prophète m'appela : « Abu Hirr! » « A ton service, Prophète de Dieu, répondis-je. » - « Prends (la cruche) et donne-leur à boire. » Je la pris alors et donnai à boire au premier qui but jusqu'a satiété. Il me rendit la cruche et je la donnai au second qui but jusqu'à satiété puis me la rendit, et ainsi de suite, jusqu'à parvenir au Prophète » après que tous les gens furent rassasiés. Le Prophète prit la cruche, me regarda, sourit et me dit : « Abu Hirr ! » - « A ton service, Prophète de Dieu, répondis-je. » - « Il ne reste plus que toi et moi » - « Tu dis vrai, Prophète de Dieu, rétorquai-je.» « Assieds-toi et bois, ajouta-t-il. » Je m'assis et bus. Le Prophète me dit alors : « Bois! » Je continuai alors à boire mais il continua à dire : « Bois! », jusqu'à finir par lui dire : « Non, par Celui qui t'a envoyé avec la vérité, je n'ai plus de place. » Il me dit alors : « Donne-la moi » Je lui donnai la cruche, il loua Dieu, prononça la basmala (le fait de dire bismillah ar-Rabman ar-Rahim, au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux) et but ce qui en restait. » [Bukhari]

503. Selon Mohammad Ibn Sirin, Abou Hourayra a dit : « Il m'arrivait de tomber évanoui, entre le minbar du Prophète et la chambre de 'Aisha. C'est alors que venait un passant qui posait son pied sur mon cou, croyant que j'étais possédé alors que je ne l'étais pas. C'était la faim qui me faisait agir ainsi. ». [Bukhari]

504. 'Aisha rapporte : « Le Prophète est mort laissant derrière lui son armure qui était en gage chez un juif pour trente sa' d'orge. » (Le sa' est une mesure des grains contenant quatre mudd, ou mesure équivalente à huit poignées en moyenne.) [Bukhari et Muslim]

505. Anas rapporte : « Le Prophète mit son armure en gage pour quelques mesures d'orge qu'il devait. Je me rendis auprès du Prophète lui portant du pain d'orge ainsi que de la graisse fondue rance. Je l'avais en effet entendu dire : « La maison de Muhammad ne s'est réveillé ni ne s'est couchée en ayant un sa' d'orge chez elle. Pourtant, elle est composée de neuf familles ». [Bukhari]

506. Abou Hourayra rapporte : « J'ai vu effectivement soixante-dix des gens de la Soffa dont pas un ne portait un vêtement complet. Ils n'avaient qu'un seul morceau d'étoffe pour se couvrir qu'ils nouaient à leur cou. Chez certains l'étoffe arrivait à la mi-jambe et chez d'autres jusqu'à la cheville. Ils en tenaient les deux bords avec leur main de peur de se découvrir ». [Bukhari]

507. 'Aisha rapporte : « La couche du Prophète était en cuir, rembourrée de fibres de palmier ». [Bukhari]

508. Ibn 'Omar rapporte : « Nous étions assis avec le Messager de Dieu quand un Ansarite arriva, le salua puis s'en alla. Le Messager de Dieu lui dit : « Frère Ansarite, comment va mon frère Sa'd Ibn 'Oubâda ? » Il répondit : « Il est en voie de guérison ». Le Messager de Dieu dit : « Qui d'entre vous veut lui rendre visite ? » Il se leva et nous nous levâmes avec lui. Nous étions un peu plus de dix, nus-pieds, nus-tête. Nous marchions ainsi dans ces terres arides. Lorsque nous arrivâmes chez lui, ses parents se retirèrent en arrière pour permettre au Messager de Dieu et à ses Compagnons de s'approcher du malade ». [Muslim]

509. Selon 'Imran Ibn Housayn , le Prophète a dit : « Les meilleurs d'entre vous sont ceux de mon époque, puis ceux de la génération suivante, puis ceux de la génération qui vient après. - 'Imran dit à ce moment : « Je ne sais pas si le Prophète a évoqué deux ou trois générations. » Ensuite il viendra des gens après eux qui témoigneront sans qu'on ne le leur ait demandé, ils trahiront et ne respecteront pas le dépôt confié, ils feront des voeux pieux sans les respecter, et chez lesquels l'obésité apparaitra. » [Bukhari et Muslim]

510. Selon Abou Oumama , le Messager de Dieu a dit : « Ô Fils d'Adam, ce sera meilleur pour toi de dépenser le superflu, car le garder te portera préjudice. On ne te reprochera pas cependant d'avoir conservé le nécessaire vital. Lorsque tu dépenses, commence par ceux qui sont à ta charge ». (Tirmidhi)

511. Selon 'Oubaydullah Al Ansari , le Messager de Dieu a dit : « Celui qui, parvenu au matin, se sent en sécurité parmi les siens, en bonne santé et possède de quoi subsister la journée, c'est comme si on avait rassemblé pour lui ce monde et ce qu'il contient. » (Tirmidhi)

512. Selon 'Abdullah Ibn 'Amr Ibn Al 'As , le Messager de Dieu a dit : « A vraiment réussi celui qui a embrassé l'Islam, qui s'est contenté du nécessaire dans sa subsistance et à qui Dieu a inspiré la satisfaction de ce qu'il lui a octroyé ». [Muslim]

513. Mohammad Fadala Ibn 'Oubayd Al Ansari rapporte qu'il a entendu dire le Messager de Dieu : Bienheureux celui qui a été guidé à l'Islam, dont la subsistance se limite à ses besoins et qui se contente de ce que Dieu lui a donné ». (Tirmidhi)

514. Selon Ibn 'Abbas , le Messager de Dieu passait plusieurs nuits successives le ventre vide. Les membres de sa famille ne trouvaient pas de quoi dîner. La plupart de leur pain était d'orge ». (Tirmidhi)

515. Fadala Ibn 'Oubaydillah rapporte : Lorsque le Prophète dirigeait la Salat, certaines personnes qui n'étaient autres que les gens de la Suffa - tombaient à terre tellement elles avaient faim ; si bien que des bédouins disaient : « Ces gens sont fous ! » Quand le Prophète clôturait la Salat, il venait à eux et leur disait : « Si vous saviez la récompense que Dieu vous réserve, vous souhaiteriez être encore plus pauvres et plus nécessiteux. » (Tirmidhi)

516. Selon Al Miqdad Ibn Ma'dikariba , le Messager de Dieu a dit : « Jamais un être humain n'a rempli pire récipient que son ventre. Il suffit au Fils d'Adam de quelques bouchées pour se nourrir. Mais s'il ne peut s'en contenter, qu'il réserve un tiers de son estomac à sa nourriture, un tiers à sa boisson, et qu'il laisse le dernier tiers vide pour lui permettre de respirer. » (Tirmidhi)

517. Iyas Ibn Tha'iaba Al Ansari a dit : « Un jour les Compagnons du Messager de Dieu parlèrent en sa présence de ce bas-monde. Il leur dit: « Ecoutez bien! Ecoutez bien! La modestie concernant l'aspect extérieur fait partie de la foi ! La modestie concernant l'aspect extérieur fait partie de la foi ! ». (Tirmidhi)

518. Jabir Ibn 'Addullah rapporte : « Le Messager de Dieu nous envoya une fois en expédition et mit à notre tête Abou 'Oubeyda pour intercepter une caravane marchande appartenant à Qoraysh. Pour toutes provisions il nous donna un sac de dattes, n'ayant alors rien d'autre à nous donner. Abou 'Oubeyda nous donnait à chaque fois une datte par personne. On demanda au narrateur : « Que pouviez-vous faire d'une seule datte ? » Il dit : « Nous la sucions comme tête le nourrisson, puis nous buvions par-dessus elle de l'eau. Cela nous suffisait pour une journée et sa nuit. Nous abattions en outre avec nos bâtons les feuilles des arbres. Nous les laissions dans l'eau puis nous les mangions.

Il dit : « Nous parvînmes au rivage de la mer (Mer Rouge) et voilà que nous aperçûmes sur son bord comme une dune énorme. Nous nous en approchâmes, et nous nous aperçûmes qu'il s'agissait d'un animal connu sous le nom de cachalot. Abu 'Ubayda dit alors : "C'est une bête morte." Puis il reprit en disant : "Mais comme nous sommes les envoyés de l'Envoyé de Dieu au service de Dieu et que vous êtes contraints, mangez-en donc. Nous restâmes près de la bête pendant un mois et finîmes par engraisser, nous étions alors trois cents.

Je nous vois encore remplir des jarres de graisse provenant de son oeil et découper des morceaux de chair de la taille d'un boeuf. Abu 'Ubayda choisit treize hommes parmi nous qu'il fit asseoir dans l'orbite de son oeil. Puis il prit une côte de l'animal, la fit lever et la passa par-dessus le plus grand de nos chameaux. Nous prîmes de sa viande afin d'en faire sécher une partie. Lorsque nous arrivâmes à Médine, nous rencontrâmes le Prophète et lui fîmes part de ce qui s'était passé. Il dit alors : "c'est une subsistance que Dieu vous a accordée. Vous en reste-t-il afin d'en manger ?" Nous en envoyâmes un morceau au Prophete qui en mangea. » [Muslim]

519. Asma Bint Yazid a dit : « Les manches de la tunique du Messager de Dieu arrivait jusqu'au poignets ». (Abu Dawud)

520. Jabir rapporte : « Le jour de la bataille du Fossé (khandaq), nous étions en train de creuser lorsque nous fûmes confrontés à un rocher très dur. Les Compagnons allèrent trouver le Prophète et lui dirent : « Un rocher très dur s'est interposé. » - « Je vais descendre moi-même, répondit le Prophète. » Il se leva, alors qu'il maintenait son ventre par une pierre. Cela faisait trois jours que nous n'avions rien mangé. Le Prophète prit alors la pioche et en frappa le rocher qui devint malléable, tel une dune de sable. Je demandai alors : « O Prophète de Dieu, permets-moi de me rendre à ma demeure. J'entrai chez ma femme et lui dis: « J'ai vu le Prophète souffrir d'un mal qui m'est insupportable. As-tu de quoi manger ? » - « Oui, j'ai de l'orge et une chèvre, répondit-elle. » J'égorgeai la chèvre et moulus l'orge, puis nous mîmes la viande dans la marmite. J'allai ensuite trouver le Prophète lorsque la pâte fut pétrie et que le contenu de la marmite fut sur le point de cuire. Je dis alors : « O Prophète, j'ai un modeste repas a vous offrir, viens donc accompagné d'un ou de deux hommes. » Le Prophète me demanda : « Quelle est la quantité de ce repas ? » Lorsque je lui indiquai, il s'exclama alors : « C'est un excellent et copieux repas ! Dis à ton épouse de ne pas ôter la marmite du feu ni le pain du four jusqu'à mon arrivée. » Puis il dit aux Compagnons : « Venez! » Les Muhajirin (émigrés) de La Mecque et les ansars s'exécutèrent. J'entrai chez ma femme et lui dis : « Malheur a toi ! Le Prophète arrive, accompagné des Muhajirin de La Mecque, des ansars et de tous ceux qui sont en sa présence. » - « T'a-t-il interrogé [sur la quantité du repas] ? » - « Oui, répondis-je. » Le Prophète arriva avec ses Compagnons et leur dit : « Entrez et ne vous bousculez pas. » Il commença alors à découper le pain et y déposa de la viande sur chaque morceau, tout en refermant la marmite de son couvercle et en refermant le four [dans lequel le pain était place]. Il distribuait la part à un de ses Compagnons puis recommençait l'opération jusqu'à ce qu'ils furent tous rassasiés. Il restait de la nourriture, alors le Prophète dit à ma femme : « Manges-en et distribues-en car une famine sévit. » [Bukhari et Muslim]

521. Anas rapporte :

Abu Talha dit un jour à Umm Sulaym : « J'ai entendu la voix du Prophète empreinte d'une faiblesse qui traduit la faim. As-tu quelque chose à manger ? » - « Oui, répondit-elle. » Elle sortit alors quelques pains d'orge, prit un de ses voiles avec lequel elle enveloppa les pains, puis glissa le tout sous mon vêtement (c'est Anas qui parle ici). Elle m'envoya chez le Prophète , je le trouvai assis dans la mosquée, accompagné de gens. Je me tenais debout devant eux lorsque le Prophète me demanda : « C'est Abu Talha qui t'envoie ? » - « Oui, répondis-je. » - « Pour une invitation à un repas ? » - « Oui, répondis-je à nouveau. » - « Levez-vous, ordonna le Prophète . »

Ils prirent alors la route et je les précédai jusqu'à parvenir chez Abu Talha que j'informai aussitôt. Abu Talha s'adressa à Umm Sulaym en ces termes : « Umm Sulaym, le Prophète arrive en compagnie de gens, alors que nous n'avons pas de quoi leur offrir un repas ! » - « Dieu et Son Prophète sont plus savants, répondit-elle. » Abu Talha s'en alla à la rencontre du Prophète, ils revinrent ensemble et entrèrent. Le Prophète dit à Umm Sulaym : « Apporte la nourriture dont tu disposes. » Elle apporta le pain. Le Prophète lui ordonna alors de le couper en morceaux; puis elle y versa le contenu d'une outre de beurre fondu salé afin d'en faire une sauce.

Le Prophète adressa des prières puis ordonna de faire entrer dix personnes. Ils mangèrent tous et furent rassasiés. Ils sortirent puis il ordonna à nouveau de faire entrer dix personnes, ils mangèrent puis sortirent. Il ordonna une nouvelle fois de faire entrer dix personnes ; ils mangèrent tous et sortirent. Il en fut ainsi jusqu'à ce que tout le monde eut mangé et fut rassasié. Ils étaient au total soixante-dix ou quatre-vingts. » [Bukhari et Muslim]

 

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