Ryadh Salihin

Sommaire | Chap. 8 | 179. L'interdiction faite à la femme de voyager seule

Commentaire du traducteur : Il est à préciser que cette interdiction ne vise pas à amoindrir la valeur de la femme musulmane et à la considérer immature et incapable, comme le déclarent certains. Bien au contraire, cette précaution est une protection de sa personne, particulièrement à une époque où les routes n'étaient pas sécurisées et où le pillage était monnaie courante.

989. Selon Abou Hourayra , le Prophète a dit : « Il n'est pas permis à une femme qui croit en Dieu et au Jour dernier d'effectuer un voyage d'un jour et d'une nuit sans la présence d'un mahram ». [Bukhari et Muslim]

*Mahram : tout homme qu'elle ne peut épouser, tel son père, son fils, son frère, son neveu ou son gendre.

990. Selon Ibn 'Abbas , le Prophète a dit : « Qu'aucun homme ne s'isole avec une femme sans la présence d'un mahram, et qu'aucune femme ne voyage sans la présence d'un mahram. » Un homme demanda : « Envoyé de Dieu ! Ma femme compte voyager afin d'effectuer le Hajj alors que moi je suis mobilisé pour telle expédition militaire. » - « Va donc effectuer le Hajj en compagnie de ton épouse, répondit le Prophète. » [Bukhari et Muslim]

Ce qu'il faut retenir :

- La question du voyage de la femme seule prête à de nombreuses divergences. Selon Ibn Hajr al-'Asqalani et la majorité des juristes musulmans, il n'est pas permis à la femme de voyager seule, que le voyage soit long ou court. Cependant, en ce qui concerne le Hajj ou la 'Umra, les savants divergent. Certains savants, tels les Hanbalites, l'ont interdit sans la présence d'un mahram. D'autres, tels les imams Malik, Shafi'i, Awza'i, et avant eux de nobles Successeurs comme 'Ata', Ibn Jubayr, Ibn Sirin et certains shafi'ites, ainsi que d'autres savants comme Ibn Taymiyya, l'ont autorisé, à condition que le voyage ne présente aucun danger.

Ibn Muflih, dans son ouvrage Al-furu', rapporte ces propos du shaykh al-islam Ibn Taymiyya : « La femme en sécurité peut accomplir le Hajj sans la présence d'un mahram. » Puis il ajoute : « Ceci est valable pour tout type de voyage licite. » Ibn Muflih dit également : "Karabisi rapporte de Shafi'i que cela est valable au cours d'un hajj surérogatoire. D'autres savants shafi'ites l'ont étendu à tout voyage, tel la visite ou le commerce (cf Al-Furu' d'Ibn Muflih, vol. 3, p. 236-237).

C'est donc l'assurance de la sécurité durant le voyage qui prévaut avant tout pour les juristes shafi'ites. Les savants qui autorisent le voyage se basent sur le fait que les femmes du Prophète ont accompli le pèlerinage bien après la mort de ce dernier, lors du califat de 'Umar, et que ce dernier les a fait accompagner par 'Uthman Ibn 'Affan et Abdarrahman Ibn 'Awf, sans qu'aucun des Compagnons n'émette la plus petite remarque.