Abdallah b. Amr b. al-As était un adorateur dévot et prompt au repentir. Dès qu'il avait embrassé l'Islam, et cela bien avant la conversion de son père, il n'avait jamais permis à sa foi de faiblir. En effet, toutes les fois qu'il rentrait d'une expédition ou d'une bataille contre les polythéistes, on le trouvait absorbé par les actes d'adoration, chez lui ou à la mosquée. C'était un fervent croyant qui priait et invoquait beaucoup, récitait le Coran régulièrement et jeunait constamment.
Toutefois, s'adonner de cette façon aux adorations est exagéré. C'est pourquoi le Messager le convoqua et lui demanda de les tempérer. Le Messager lui dit : « N'ai-je pas été informé que tu jeûnes sans casser le jeûne, que tu fais la prière de nuit sans dormir ? ... il te suffit de jeuner trois jours par mois. - Je suis capable de plus que cela, dit Abdallah. - Alors, il te suffit de jeuner deux jours par semaine, dit le Messager. - Je suis capable de plus que cela, dit Abdallah. - Tu as donc à ta disposition le meilleur des jeûnes, celui de Daoud. Il jeunait un jour puis déjeunait un jour, dit le Messager .»
Puis, le Messager lui parla des autres actes d'adoration : « J'ai aussi su que tu récitais le Coran en une seule nuit. Mais je crains que ta vie se prolonge, et que tu te lasseras de sa récitation... Récite-le une fois par mois... Récite-le une fois tous les dix jours... Récite le une fois tous les trois jours. »
Puis, il lui dit : « Moi, je jeune et je déjeune, je prie et je dors, et j'épouse les femmes. Eh bien! n'est pas de moi celui qui désire autre chose que ma sounna. » Ensuite, il lui prit sa main et la mit dans la main de son père Amrou b. al-As, qui était venu se plaindre du comportement de son fils, et lui dit : « Fais ce que je t'ordonne et obéis à ton père. »
Cette dernière partie du hadith eut plus tard une incidence importante sur la vie d'Abdallah. Cela fut juste avant la bataille de Siffin. Son père Amr b. al-As, qui était dans le camp de Mouâwiya, le contacta et lui demanda de se rallier à leur camp, en raison du crédit d'Abdallah auprès des musulmans. « Ô Abdallah, prépare-toi à sortir, dit Amr, tu vas combattre avec nous. - Comment ? dit Abdallah, alors que le Messager m'a enjoint de ne jamais mettre d'épée sur le cou d'un musulman. » Amr b. al-As, qui était réputé pour sa ruse, tenta ensuite de convaincre Abdallah, en lui disant qu'ils voulaient par cette compagne militaire, venger le sang de Othman. Puis, il le surprit, en lui tenant ce propos : « Te rappelles-tu, Abdallah, ce que le Messager t'a recommandé, quand il a pris ta main et l'a mise dans la mienne, en te disant d'obéir à ton père ? Maintenant, tu dois te résoudre à sortir avec nous et à combattre. »
Abdallah b. Amr sortit alors, par obéissance à son père, mais avec l'intime conviction de ne pas livrer de combat contre un musulman. Puis, dès que la bataille commença, Abdallah fut amené à se déclarer contre Mouâwiya et son armée, en raison de la matérialisation d'une prophétie du Messager , qui concernait Ammar b. Yacir, le compagnon de 'Ali dans cette bataille.
En effet, cette prophétie, qui datait de 27 ans au moment de la bataille avait dit qu'Arnmar serait tué par le groupe injuste. Donc, quand Ammar fut tué par des partisans de Mouâwiya et que la nouvelle se propagea vite comme le vent, Abdallah b. Amr se révolta et se mit à sillonner les rangs de l'armée de Mouâwiya, en disant : « Ammar a été tué! et c'est vous qui venez de le tuer! Alors, c'est vous le groupe injuste. »
Mouâwiya appela vite Amr et son fils Abdallah, dès qu'il entendit cela : « Ne vas-tu pas contenir ton fou ? dit-il à Amrou. - Je ne suis pas un fou, dit Abdallah, mais j'ai entendu le Messager dire à Ammar: "Tu seras tué par le groupe injuste" Alors, pourquoi es-tu sorti avec nous ? dit Mouâwiya. Parce que, dit Abdallah, le Messager de Dieu m'a ordonné d'obéir à mon père. Alors, j'ai obéi à mon père, en sortant. Mais je ne combats pas avec vous...» Après quoi, Abdallah s'adressa à son père : « Si le Messager de Dieu ne m'avait pas ordonné de t'obéir, je ne t'aurais pas accompagné dans cette marche. »
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Puis, Abdallah regagna Médine, où il se consacra uniquement à l'adoration de Dieu et aux invocations. A chaque fois qu'il se rappelait sa participation à Siffin, il regrettait son geste et fondit en larmes. Un jour, alors qu'il était assis avec des compagnons dans la mosquée du Messager , al-Housayn b. Ali vint à passer et lança le salut. Abdallah lui rendit le salut. Puis, il dit aux présents : « Aimeriez-vous que je vous informe quel est l'habitant de la terre le plus aimé par les habitants du ciel ? c'est celui qui vient de passer maintenant... al-Housayn b. Ali. Il ne m'a pas adressé la parole depuis la bataille de Siffin... »
Puis, il se mit d'accord avec Saïd al-Khoudry d'aller rendre visite à al-Housayn, chez lui. Là, il y eut la rencontre et quand Abdallah parla de la bataille de Siffin, al-Housayn lui reprocha sa participation en ces termes : « Qu'est-ce qui t'a poussé à sortir avec Mouâwiya ? »
Alors Abdallah b. Amr dit : « Un certain jour, Amr b. al-As s'est plaint de moi au Messager de Dieu. Il lui a dit : « Abdallah jeune tout le jour et il passe toute la nuit en prières. » Alors, le Messager de Dieu m'a dit : « Ô Abdallah, prie et dors ; jeune puis déjeune; obéis à ton père. » Quand il y a eu la bataille de Siffin, mon père m'a auparavant enjoint de sortir avec eux. Alors, je suis sorti. Mais, par Dieu! je n'ai fait usage ni d'un sabre ni d'une lance ni d'une flèche. »
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Ainsi était la vie d'Abdallah b. Amr b. al-As, qui rendit l'âme à l'âge de soixante douze ans, alors qu'il était dans son lieu de prière en train d'adresser ses louanges et ses invocations à Dieu.