Saâd ibn Oubada

Saâd b. Oubada était le chef des Khazraj comme Saâd b. Mouâdh était le chef des Aous. Il embrassa tôt l'Islam, assista à l'allégeance d'al-Aqaba et se consacra complétement au combat sur le chemin de Dieu. Il fut peut-être le seul Ansarite qui subit la brutalité des Qouraychites. En effet, juste après la réunion secrète d'al-Aqaba, les Qouraychites surent vaguement qu'il y avait eu une quelconque allégeance et se mirent aussitôt à la poursuite des Médinois déjà partis.

Dans leur poursuite effrénée, ils ne purent rattraper que Saâd b. Oubada. Ils le brutalisèrent et le ramenèrent à la Mecque, les mains attachées au cou. Puis, on se mit à le frapper violemment et à l'agresser, pour le faire passer aux aveux. « Par Dieu, racontait-il, j'étais entre leurs mains, quand j'ai vu venir un groupe de Qouraychites. Il y avait parmi eux un homme rayonnant, blanc (...). Je me suis alors dit : "S'il y a du bien en l'un de ces gens, c'est bien en celui-là." Il s'est rapproché de moi puis m'a donné un coup de poing très dur. Je me suis donc dit : "Par Dieu, non. Après cela, il n'y a plus de bien en eux."

Par Dieu, j'étais entre leurs mains et ils me traînaient, et voilà que l'un d'entre eux s'est rapproché de moi, pour me dire : "Malheur à toi! n'y a-t-il pas de protection entre toi et l'un des Quraych ?" J'ai dit : "Si, j'accordais protection à des commerçants travaillant pour Joubayr b. Moutîm et je les protégeais contre quiconque voulait les agresser, dans mon pays. J'accordais protection aussi ceux venant de la part d'al-Harit b. Harb b. Oumaya."

L'homme a dit : "Alors, crie leurs noms et ce qu'il y a comme protection entre eux et toi". Je me suis éxécuté et l'homme est allé trouver les deux Quraychites. Il les a informés (...) Il lui ont demandé mon nom. L'homme ayant dit : "Saâd b. Oubada.", ils ont dit : "Il dit vrai, par Dieu!" Puis, ils sont venus me sauver des mains des autres."

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Plus tard, après l'installation des Mouhajir et du Messager à Médine, Saâd b. Oubada mit ses biens au service des Mouhajir. Il était très généreux, si bien que sa générosité devin célèbre. L'histoire nous a gardé ces témoignages : "L'écuelle (de nourriture) de Saâd allait où allait le Prophète , ainsi que dans toutes ses maisons."; "L'ansarite emmenait chez lui un ou deux ou trois Mouhajir, tandis que Saâd b. Oubada emmenait quatre-vingts."

Et pour tant de générosité, il put triompher de cette invocation du Prophète : "Dieu! fait que tes prières et ta miséricorde soient sur la famille de Sâad b. Oubada."

En oute, il fut un combattant résolu dans toutes les batailles auxquelles il avait participé aux côtés du Messager . Ibn Abbas a dit : "Dans toutes les batailles, le Messager aavait deux drapeaux. Le drapeau des Mouhajir était porté par Ali b. Abou Talib et le drapeau des Ansar était porté par Saâd b. Oubada." Par ailleurs, dans tous ses combats, il montra qu'il était un bon tireur.

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D'autre part, il était doté d'un franc parler. Lors de la conquête de la Mecque, alors qu'il était à la tête d'un bataillon de musulmans, il dit sur son chemin vers la cité : "Aujourd'hui, c'est le jour de la mêlée ; aujourd'hui, l'interdit est permis!"

Omar b. Khattab, qui entendit cela, alla d'un pas précipité trouver le Messager et lui dit : "O Messager de Dieu, écoute ce que Saâd b. Oubada vient de dire... Nous craignons qu'il fasse un assaut sur les Qouraych!"

Le Messager ordonna alors à Ali d'aller remplacer Saâd à la tête du bataillon et de prendre l'étendard...

Puis, il y eut la victoire de Hounayn, où les musulmans purent s'emparer d'un grand butin. Là aussi, Saâd laissa exprimer sa franchise à la suite de la distribution du butin. En effet, le Messager répartit le butin de telle sorte qu'il en donna beaucoup aux nouveaux convertis de la Mecque, pour les rallier à l'islam. Cela se fit évidemment au détriment des compagnons, en particulier les Ansar.

Ces derniers ayant mal pris la chose, Saâd alla trouver le Messager et lui dit au nom des Ansar : « Ô Messager de Dieu, ce quartier des Ansars ont trouvé en eux-mêmes quelque réserve pour ce que tu as fait du butin. Tu (en) as fait une répartition dans ton peuple et tu as donné des dons gigantesques, sans que ce quartier des Ansar aient quelque chose. » Le Messager dit : « Et toi, ô Saâd, quelle est ta position ? » Saâd dit : « Je ne suis que du côté de mon peuple. »

Le Messager lui demanda alors de rassembler son peuple. Puis, il leur parla et les convainquit de son action. Entre autres, il leur avait dit : « Ô les Ansar, n'accepteriez-vous que les gens s'en vont avec la brebis et le chameau, tandis que vous, vous revenez avec le Messager de Dieu à votre pays ? Par celui qui détient mon âme dans sa main! si ce n'était l'émigration, j'aurai été sûrement un d'entre les Ansar. Et si les gens s'engagent dans des sentiers, moi je m'engage dans les sentiers pris par les Ansar. Dieu! accorde miséricorde aux Ansar, ainsi qu'à leurs fils et aus fils de leurs fils. »

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Lors des évènements de la Cour (as-Saqifa) qui suivirent la disparition du Messager , Saâd prétendit à la succession, mais il ne put y parvenir, puisqu'une majorité s'était dessinée en faveur d'Abou Bakr.

Puis, après la mort d'Abu Bakr et la désignation d'Omar b. al-Khattab en tant que khalife, il alla dire, toujours, avec sa franchise, à ce dernier : « Ton compagnon Abou Bakr, par Dieu! nous l'aimions plus que toi. Et puis, par Dieu! je n'aime plus ton voisinage. » Omar répondit : « Qui déteste le voisinage de son voisin, s'éloigne de lui. »

Saâd dit alors : « Je vais me déplacer au voisinage de celui qui est beaucoup mieux que toi. » Puis, il prit le chemin de l'exil, vers la Syrie. Dès son arrivée dans le pays de Houran, Dieu le rappela à lui. Ainsi Saâd s'en est allé dans le voisinage de son seigneur.