Une fois, alors qu'un groupe de musulmans
étaient en train de discuter, le Messager
marqua un temps d'arrêt puis leur dit en substance qu'il y avait parmi eux quelqu'un qui irait au Feu. Depuis, chacun des présents prenait garde et avait très peur que cette prémonition se réaliserait sur lui. Cependant, tous les présents à qui était adressé ce hadith furent tombés par la suite sur le chemin de Dieu, sauf Abou Hourayra et Arrajal b. Ounfoua.
Abou Hourayra resta dans la crainte à attendre le destin qui lui était réservé, jusqu'au jour où Arrajal b. Ounfoua apostasia et rallia Mousaylima l'imposteur. Avant d'être un rénégat, Arrajal avait embrassé l'Islam et avait aussi prêté allégeance au Prophète
. Ensuite, il avait regagné son peuple, et n'était revenu à Médine qu'à la suite de la mort du Prophète
et la désignation du khalife Abou Bakr. A Médine, il informa Abou Bakr sur les bouversements survenus dans son pays al-Yamama, à la suite de l'apparition de Mousaylima qui s'était autoproclamé prophète. Puis, il suggéra à Abou Bakr de l'envoyer à son peuple avec la mission de raffermir leur foi.
Le khalife Abou Bakr lui accorda cette mission. Mais, à son arrivée à al-Yamama, Arrajal fut impressionné par le nombre des partisans de Mousaylima, de telle sorte qu'il rallia leurs rangs. Arrajal fut beaucoup plus dangeureux que Mousaylima, parce qu'il exploita son ex-foi, le temps qu'il avait passé près du Prophète
, les versets coraniques qu'il avait appris, ainsi que la délégation donnée par le khalife Abou Bakr. Il exploita perfidement tout cela pour appuyer le pouvoir de Mousaylima l'imposteur.
Les mensonges d'Arrajal parvenaient à Médine et les musulmans, y compris Zayd b. al-Khattab n'attendaient que le moment propice pour mettre fin à cet apostat. Vous avez reconnu ce compagnon. C'est le grand frère d'Omar b. al-Khattab, Zayd b. al-Khattab avait embrassé l'Islam et il était tombé en martyr avant son frère Omar. Il avait été aux côtés du Prophète
dans toutes ses expéditions. Dans chaque combat, il ne cherchait pas la victoire, il cherchait le martyr.
A Ouhoud, lorsque les hostilités montèrent à leur plus haut niveau, Zayd usait de son arme sans relâche et sans attacher de l'importance à la force de l'ennemi. A un moment, son bouclier tomba, alors son frère Omar lui lança : « Zayd, prends ton bouclier! » Il lui répondit, sans prendre le bouclier : « Je veux le martyre comme toi, Ô Omar! »
* * *
Donc, Zayd b. al-Khattab brûlait d'envie de rencontrer Arrajal. Pour lui, ce dernier n'était pas seulement un rénégat mais aussi un menteur et un hypocrite. Quand le jour d'al-Yamama arriva, Zayd était le porte-étendard de l'armée musulmane qui était alors dirigée par Khalid b. al-Walid.
Les partisans de Mousaylima eurent l'initiative dans la bataille, de telle sorte que le doute s'installa quelque peu dans les rangs musulmans. Alors Zayd surplomba un monticule, pour encourager ses compagnons d'une voix forte et sûre : « Ô hommes! serrez vos dents et levez vous sur votre ennemi. Allez de l'avant. Par Dieu! je ne parlerai plus jusqu'à ce que Dieu les batte ou que je le rencontre, et je lui donnerai mon argument! »
Puis, il quitta le monticule et s'en alla à la recherche de l'apostat Arrajal, pour lui régler son compte. Il finit finalement par le trouver et le tuer. La mort de ce rénégat sonna le glas définitif pour Mousaylima et ses troupes polythéistes...
* * *
Zayd louangea Dieu, pour lui avoir permis d'accomplir cette tâche, puis il continua son combat sur le champ de bataille jusqu'au moment où il tomba en martyr.
Au retour de l'armée musulmane victorieuse, Omar b. al-Khattab vint aux nouvelles. On lui dit que son frère était mort en martyr. Alors, Omar eut cette parole : « Que Dieu accorde miséricorde à Zayd. Il m'a devancé aux deux splendeurs. Il s'est soumis à l'Islam avant moi et il est mort en martyr avant moi. »