Cette femme fut parmi les premières à embrasser l'Islam, après Khadija et ses filles. Elle fut l'épouse de Abu Talib, oncle du Prophète
. Avant la venue de l'Islam, elle était déjà réputée pour sa générosité et sa noblesse de coeur. C'est sans doute pour cette raison que, sentant sa mort prochaine, Abd Al-Muttalib, le grand-père de Muhammad, qui n'était encore qu'un jeune enfant, confia celui-ci à Abu Talib et son épouse. C'est donc à elle que revint le privilège de veiller sur Muhammad, qu'elle considéra comme son propre enfant.
Mieux encore, lorsqu'elle constata que ses propres enfants se jetaient sur la nourriture avant même que Muhammad ait pu prendre une bouchée, elle le faisait manger avant ses enfants. Elle rapporta que, lorsqu'il prenait son repas, son plat ne se vidait jamais. Parmi les enfants de Fatima bint Asad, nous trouvons Ali ibn Abi Talib, qui devait plus tard devenir le quatrième calife, et Ja'far, tombé martyr lors de la Bataille de Mu'ata.
Elle fut la grand-mère d'Al-Hassan et Al-Hussayn, les enfants de 'Ali et de Fatima, fille de l'Envoyé de Dieu. Certainement, le jeune Muhammad trouva auprès de cette femme et de son mari, Abu Talib, l'affection et la chaleur familiale dont il avait besoin, alors qu'il avait perdu très jeune, d'abord ses parents, puis son grand-père. On nous rapporte qu'il eut pour elle et pour son oncle un profond attachement. Il appelait Fatima « Mère ».
Son époux, Abu Talib, oncle du Prophète
, conduisait des caravanes de marchandises vers la Syrie et un jour le jeune Muhammad insista pour l'accompagner. Son oncle finit par accepter et c'est au cours d'un de ces voyages qu'eut lieu la rencontre avec le moine qui décela chez lui le signe de la prophétie. Il mit d'ailleurs l'oncle en garde, lui recommandant de ne dire à personne ce qu'il venait de lui dévoiler pour ne pas mettre la vie de l'enfant en danger.
Abu Talib veilla avec une grande attention sur son neveu et dit parfois à son épouse Fatima que le jeune Muhammad serait appelé à un destin exceptionnel. Plus tard, en raison de sa position élevée parmi les notables de La Mecque, il lui fut possible d'apporter sa protection au Prophète
alors que ces mêmes notables rêvaient de le voir disparaître tant ils craignaient qu'il leur enlevât un peu de leurs pouvoirs !
Muhammad demeura auprès de Fatima et son oncle jusqu'à son mariage avec Khadija. Il était devenu un homme aimé et respecté de tous en raison de sa personnalité exceptionnelle. On le surnomma « Al-Amîn » (l'homme de confiance). Après son mariage, il demeura très proche d'eux et nous savons que, lors d'une période de disette (famine), il prit chez lui Ali, un de leurs enfants, afin d'alléger un peu leurs charges familiales, d'autant que sa situation matérielle d'alors le lui permettait.
Fatima connaissait si bien son neveu pour toutes les vertus qui étaient les siennes, elle avait tant confiance en cet homme réputé pour son intégrité que, lorsqu'il commença à parler à ses proches du message qui lui était révélé, elle ne douta pas un instant et se convertit aussitôt. Elle fut parmi les premières personnes à embrasser la nouvelle religion et ses enfants se convertirent également. Seul Abu Talib refusa d'adopter l'Islam, mais n'en demeura pas moins le protecteur de l'Envoyé de Dieu.
Le prophète Muhammad avait pour Fatima une grande affection et ne pouvait que se réjouir de la grande piété et la ferveur de sa foi. Après l'Hégire, il lui rendit souvent visite, fit parfois la sieste dans sa maison. Il lui offrit aussi des cadeaux. Un jour, il remit une coupe de belle étoffe à l'un des Compagnons, Ja'da ibn Habîra, lui ordonnant de la partager entre les « quatre Fatima pour qu'elles s'en fassent un foulard », ce que fit ce dernier en distribuant un morceau à Fatima, fille du Prophète
, puis à Fatima bint Asad, une autre à Fatima bint Hamza, la quatrième n'est pas mentionnée.
L'attitude affectueuse et respectueuse du Prophète à l'égard de sa tante emporta de la part de tous les Compagnons le témoignage d'une grande considération à son égard également. Au moment de sa mort, il dit aux Compagnons : « Levez-vous pour ma mère ! » Elle mourut à Médine, et c'est l'Envoyé de Dieu lui même qui l'enterra. On rapporte qu'il la fit envelopper avec sa propre tunique et descendit dans la tombe, s'y allongea avant de l'y déposer.
Il fit ensuite des invocations en sa faveur : « Que Dieu t'accorde Sa Miséricorde ô mère ! Tu étais à la place de ma mère. Tu ne mangeais pas à ta faim mais tu me rassasiais, tu te privais de vêtements et tu m'habillais, tu te privais de bonnes choses et tu donnais. Tu ne recherchais par-là que la face de Dieu et le Paradis ! »
Après l'enterrement de Fatima, les Compagnons l'interrogèrent sur ce qu'il venait de faire : « O Messager de Dieu, nous t'avons vu faire deux choses que tu n'as jamais faites auparavant ? Tu as enseveli la défunte dans ta tunique et tu t'es allongé dans sa tombe ! » Il leur répondit : « Pour ce qui est de ma tunique, je l'ai enveloppée avec afin que le feu ne la touche jamais et qu'elle soit habillée de parures au Paradis ; quant à la raison pour laquelle je me suis allongé dans sa tombe, c'est pour que Dieu la lui élargisse. »
Que Dieu soit satisfait de Fatima bint Asad.