Le Sceau des Prophètes

Muhammad, Homme et Prophète (Muhammad : Sceau des prophètes)

Muhammed
Sceau des Prophètes

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La vie de Muhammad

La vie de Muhammed

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Pacification du désert

 

De retour à Médine après leur succès de Khaybar, les musulmans pouvaient à juste titre se sentir beaucoup plus forts et plus en sécurité. Il existait une autre source de danger qui constituait une menace permanente : les Arabes bédouins. Partout dans la péninsule arabique vivaient des tribus bédouines menant une vie fondée sur l'agression et le pillage. La seule loi qu'elles reconnaissaient était celle du désert. Les accords, traités ou alliances ne comptaient guère.

Chaque fois qu'une possibilité de gagner de l'argent se présentait, les traités et les amitiés étaient oubliés et les amis de la veille devenaient les ennemis du jour. Les vainqueurs traitaient toujours les vaincus avec brutalité et mépris. Nombreuses étaient les tribus bédouines qui voyaient d'un mauvais oeil l'ascension de l'État musulman de Médine. Elles étaient en effet conscientes qu'un ordre totalement nouveau était en train de s'imposer en Arabie, au fur et à mesure que la puissance et l'influence de l'État musulman augmentaient.

C'est pourquoi elles projetaient sans cesse d'attaquer Médine, leur principale préoccupation étant d'empêcher les musulmans de vivre en paix. L'objectif principal du Prophète était cependant que les musulmans soient libres de transmettre le message de l'islam à toute l'Arabie et au reste du monde. Pour ce faire, la paix et la sécurité devaient être assurées. Les gens devaient se sentir libres d'embrasser l'islam s'ils étaient convaincus de sa véracité.

Une série d'expéditions furent donc organisées au cours des mois qui suivirent contre tous ceux qui envisageaient d'attaquer les musulmans ou de leur faire du tort. Au cours du mois de sha'bân, trois de ces expéditions furent organisées. La première, placée sous le commandement de 'Umar ibn al-Khattâb, comprenait une trentaine de cavaliers. Leur objectif était l'un des clans des Hawâzin. Bien que 'Umar n'ait voyagé que de nuit, les Hawâzin furent informés de son approche et prirent la fuite.

Quand 'Umar arriva dans leur district, il n'y trouva personne. Il prit donc le chemin du retour. Son guide lui demanda si, puisqu'il avait manqué son but, il ne voulait pas attaquer un groupe des Khath'am qui voyageait dans la région. 'Umar répondit que le Prophète ne lui avait ordonné d'attaquer personne d'autre que les Hawâzin : il les laissa donc tranquilles. Nous avons là une nouvelle illustration du fait que les musulmans n'attaquaient que les bédouins qui cherchaient à leur nuire.

La seconde expédition, sous le commandement d'Abû Bakr, partit vers l'Est pour le Najd, où son objectif était la tribu de Fazâra. Il parvint à les prendre par surprise, tuant un certain nombre de leurs hommes et faisant de nombreux prisonniers. La troisième expédition fut dirigée par Bashîr ibn Sa'd des ansâr. Celui-ci marcha à la tête d'une troupe de trente hommes sur les habitants de Murra près de Fadak, la localité du nord de l'Arabie qui avait conclu un accord de paix avec les musulmans peu après la bataille de Khaybar.

Il parvint à s'emparer d'un troupeau de bétail appartenant aux Murra et repartit vers Médine. Cependant, les
Murra poursuivirent les musulmans et réussirent à les rattraper à la tombée de la nuit. Il s'ensuivit une bataille de flèches où les musulmans n'étaient pas aussi bien armés que leurs adversaires. Leurs munitions épuisées et certains hommes ayant été blessés, les autres tentèrent de fuir car le combat était trop inégal. Bashîr, le commandant, combattit vaillamment, mais les Murra parvinrent à reprendre leur troupeau.

Bashîr était blessé mais pouvait encore marcher avec difficulté : il parvint à atteindre la localité, où il resta jusqu'à ce que ses blessures guérissent ; puis il retourna à Médine. De nombreuses autres troupes furent envoyées à différents endroits de l'Arabie, parfois au coeur du désert. L'objectif était d'assurer la sécurité afin que les émissaires du Prophète aux différentes tribus puissent aller et venir librement pour expliquer aux gens le message de l'islam. Telle était la tâche que le Prophète et les musulmans souhaitaient accomplir.

Il leur fallait supprimer sans hésitation, par tous les moyens nécessaires, tout obstacle les empêchant d'accomplir leur mission. D'où l'envoi de ces expéditions, très professionnelles et très disciplinées. Les troupes obéissaient strictement aux instructions du Prophète. Leur but n'était pas le pillage, car les musulmans ne s'emparaient pas sans raison des biens d'autrui. Leur seul souci était de transmettre le message divin.

Nous avons un exemple de la discipline caractéristique de ces expéditions, dans le récit d'un homme chargé par son commandant, Ghâlib ibn Abdullâh, de réunir des renseignements, lors de son expédition pour attaquer les gens de Mulawwa à un endroit appelé al-Kadîd. L'homme a relaté qu'ils arrivèrent là avant le coucher du soleil. Afin de savoir ce que faisaient ces gens, il escalada une colline dominant leurs habitations. Il s'allongea au sommet de la colline alors que le soleil était en train de se coucher. Un homme sortant de chez lui l'aperçut dans cette position au sommet de la colline. Il dit à sa femme : « Je vois au sommet de la colline quelque chose de noir que je n'avais pas remarqué auparavant. Regarde autour de toi pour voir s'il manque quelque chose. »

Elle confirma qu'il ne manquait rien. L'homme lui demanda ensuite de lui passer son arc et deux flèches. Il tira la première flèche et parvint à atteindre au flanc le musulman qui était au sommet de la colline. Celui-ci arracha la flèche et resta à sa place. L'homme tira ensuite la seconde flèche et atteignit le musulman à l'épaule. Cette fois encore, celui-ci ne bougea pas, se contentant d'arracher la flèche. L'homme dit à sa femme : « Mes deux flèches ont atteint cette chose. S'il s'était agi d'un homme qui nous espionnait, il aurait bougé. Nous n'avons pas à nous inquiéter. Demain matin, tu monteras chercher mes flèches. »

Voici un homme atteint de deux flèches, mais qui préfère supporter la douleur plutôt que d'avertir l'ennemi de la présence de ses compagnons. Avec une telle attitude, les musulmans pouvaient compter sur l'aide de Dieu, car Dieu n'aide que ceux qui se montrent prêts à consentir tous les sacrifices nécessaires pour Sa cause. L'aide de Dieu est évidente dans la suite des événements de cette expédition. Le même homme a relaté :

Nous attendîmes que plus rien ne bouge dans leurs habitations. Alors, nous lançâmes notre attaque, tuant un certain nombre de leurs hommes et prenant leur bétail. Nous prîmes ensuite le chemin du retour. Ils parvinrent bientôt à réunir des renforts et se lancèrent à notre poursuite. Nos poursuivants étaient bien plus nombreux que nous et nous étions assurément trop faibles pour les affronter. Nous avancions le plus vite possible, mais ils gagnaient rapidement du terrain. Quand ils furent sur le point de nous rattraper, seul le fond de la vallée nous séparant encore, Dieu envoya d'où Il voulut un torrent gonflant rapidement. Nous n'avions pas connu de pluie auparavant, mais le torrent coulait si fort que personne n'osa tenter de le franchir pour nous rejoindre. Nous pûmes ainsi échapper à nos poursuivants et rentrer chez nous avec tout ce que nous avions.

Ce ne sont là que quelques exemples des expéditions envoyées par le Prophète dans toutes les régions d'Arabie où se trouvaient des groupes hostiles. Les troupes ainsi envoyées comportaient entre trente et cinq cents hommes. L'importance de chaque troupe était déterminée par la tâche à accomplir. Toutes montraient cependant le même degré de discipline et de sérieux. Au bout de quelques mois, toutes les routes d'Arabie furent ainsi sûres, de sorte que les prédicateurs musulmans pouvaient se rendre dans les différentes localités et auprès des différentes tribus pour les inviter à embrasser l'islam.

Ils pouvaient désormais expliquer le message de l'islam sans craindre d'être attaqués. Les musulmans se considéraient comme les dépositaires du message de l'islam. Leur tâche était de transmettre ce message aux gens. Leur mission se limitait à en expliquer les principes et à montrer qu'il oeuvrait pour le bien de l'homme et la réalisation du bonheur humain : ils n'avaient pas à forcer les gens à devenir musulmans et ne tentaient pas de le faire. La conversion forcée est étrangère à la nature de l'islam.

Toutefois, les gens ne sont habituellement pas disposés à écouter une nouvelle prédication ou une nouvelle théorie, ni à plus forte raison une nouvelle religion, s'ils vivent dans la crainte ou sous la menace de différentes puissances. C'est pourquoi la sécurité était absolument nécessaire à l'accomplissement de la mission du Prophète et des musulmans consistant à diffuser le message de l'islam au plus grand nombre de gens. La sécurité était aussi nécessaire pour éviter toute persécution interne à tous ceux qui adopteraient l'islam, quelle que soit leur tribu.